Dans sa série 66 Lbs, Saïd Atabekov part chevaucher l’esprit du kokpar, un sport profondément enraciné dans la culture afghane.
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Avec son exposition “66 Lbs”, Saïd Atabekov célèbre l’ancienne tradition nomade du kokpar (ou “jeu de l’attrape-chèvre” plus connu sous le nom de “bouzkachi”) : une activité équestre collective pratiquée en Afghanistan ainsi que dans quelques pays d’Asie centrale et du Moyen-Orient. Il s’agit d’un sport à l’origine pratiqué lors des festivités de mariage turkmènes, une sorte de version un peu plus trash du polo.
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Deux équipes s’affrontent, chacune dotée de dix joueurs, qui se ruent au premier coup de sifflet derrière la carcasse décapitée et éviscérée d’une chèvre, d’un mouton ou d’un veau lancée sur le sol. Pour marquer un point, les joueurs doivent ramasser cette dépouille, foncer avec jusqu’au bout du terrain, faire le tour d’un mât puis déposer la carcasse dans un cercle de craie. Encore faut-il réussir à échapper aux adversaires tous armés de fouets et prêts à en découdre.
Alors que le travail de l’artiste s’intéresse à des traditions qui semblent appartenir à une époque différente, et que l’on pourrait critiquer, il trouve toutefois un intérêt dans l’émotion des joueurs. La plupart de ses photos en noir et blanc possèdent une touche de couleur qui attire l’attention sur des détails qui recontextualise ce sport ancien et le ramène à notre époque contemporaine.
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Saïd Atabekov souhaite aussi mettre l’accent sur l’origine du pouvoir masculin et se place au milieu des joueurs, muni de son appareil photo. En adoptant un point de vue en plongée (“l’œil de Dieu”, comme il le précise), il capture dans toute sa complexité l’émotion et l’intensité de ces hommes qui se heurtent les uns aux autres. Le nom de sa série fait référence au poids obligatoire de la carcasse utilisée dans le jeu : elle ne doit peser ni plus ni moins de 66 livres (30 kg). On peut lire dans son communiqué de presse :
“Ce qui est palpable dans les batailles à travers toutes les scènes de désordre, de désorganisation et de misères, c’est le spectacle entre les cavaliers et les chevaux. Parfois les tchopendoz (nom des joueurs) se blessent, on voit leurs corps saigner et leurs vêtements déchirés, et pourtant, ils continuent le combat.
Les guerriers à cheval sont une forme d’art en extinction parce que le cheval n’est plus considéré comme un instrument de guerre. L’exposition “66 Lbs” réintroduit ce genre de pratique contemporaine. La série photo représente le jeu du kokpar, elle explore ses racines qui remontent à la guerre afin de montrer toute sa complexité.”