À seulement 9 ans, Mari Katayama a demandé l’amputation partielle de ses membres. “J’avais le choix entre passer ma vie en fauteuil ou pouvoir marcher mais perdre mes jambes. J’ai choisi de marcher”, confiait-elle au Guardian en 2017. Ce corps atteint d’une hémimélie tibiale, différent des autres, est devenu le cœur de son projet artistique, entamé il y a plus de dix ans.
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Depuis le début des années 2010, la photographe japonaise réalise des autoportraits où elle met en scène son corps et l’habille de créations, le plus souvent textiles, qu’elle crée sur-mesure. Au centre de ses décors rococo, Mari Katayama déleste ses jambes de leur prothèse et accentue les formes de sa main gauche, dont les deux doigts ressemblent à une pince de crabe.
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Dans ses images, Mari Katayama s’amuse à des jeux de consonances visuelles. Sa peau devient tissu, ses doigts deviennent objet de chiffon, les textures et les formes s’entremêlent en même temps que les thèmes et les objets fétiches.
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Aux côtés de perles et de breloques, coquillages et crustacés font partie intégrante de son travail, en photo – dans ses décors – ou sur les cadres qu’elle façonne à la main. Le monde aquatique porterait d’ailleurs une toute nouvelle profondeur pour l’artiste depuis qu’elle est devenue mère.
Interroger les normes
L’exposition que lui consacre la Maison européenne de la photographie présente pour la première fois sa série In the Water, projet entamé depuis la naissance de sa fille, dont l’artiste dit “qu’il existe enfin dans ce monde quelqu’un qui voit et considère son corps comme normal”, précise la MEP.
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La série montre des gros plans de ses jambes : terminé les appendices surréalistes dissimulant (et célébrant) la chair ? Mari Katayama présente les détails et les contours de sa peau, maquillée de paillettes et immortalisée, tout en contraste, sur un fond bleu profond.
Passé l’étonnement de découvrir des formes corporelles peu habituelles dans le paysage photographique, Mari Katayama élabore des réflexions sur la douleur, le changement, le remplaçable, l’étrange, le naturel et la norme (ou ce qui est considéré comme telle). Son œuvre évolue en même temps que son corps, sa manière de l’appréhender et les regards des autres – une introspection pour soi et pour le monde.
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L’exposition “Home Again” est visible à la Maison européenne de la photographie jusqu’au 24 octobre 2021.
Vous pouvez retrouver le travail de Mari Katayama sur son site et sur son compte Instagram.