C’est une sacrée année qui s’annonce pour James Barnor. En plus d’avoir tout juste fêté ses 92 ans, le photographe ghanéen voit (enfin) son œuvre célébrée sous la forme d’un livre, The Roadmaker, et de deux expositions : “James Barnor: Accra/London: A Retrospective” à Londres et “James Barnor: Ghanaian Modernist” à Bristol.
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Pour les maisons d’édition qui co-publient le livre, son titre, The Roadmaker, “symbolise la continuité entre passé et présent, tradition et progrès et les liens entre les générations et les gens”. Plus qu’un agent de continuité, on peut considérer James Barnor comme un précurseur, un artiste qui a ouvert la voie à des générations de photographes et de publics, au Ghana et au Royaume-Uni, pays entre lesquels il fit des allers-retours toute sa vie.
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Considéré comme le premier photojournaliste et coloriste du Ghana (il a installé le premier studio couleur de la capitale dans les années 1970), James Barnor a immortalisé le monde qui l’entourait sous toutes ses coutures, de son travail documentaire pour la presse à ses amours pour l’art du portrait et de la photo de mode et de musique.
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Une posture émancipatrice
Son archive de près de 40 000 photos, principalement constituée entre les années 1950 et 1980, raconte l’histoire d’un photographe révolutionnaire à de nombreux égards – qu’il s’agisse de son style, de son point de vue ou de ses thèmes de prédilection. Propriétaire de studios photo à Accra où se pressaient nombre de modèles, artistes et ami·e·s, James Barnor shootait également en extérieur, appareil au poing, dans un style vif et résolument moderne.
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Connu pour ses images de l’indépendance et des mouvements qui l’ont accompagnée, le photographe a eu à cœur de documenter l’évolution du Ghana après 1957, ainsi que la vie de la diaspora à Londres dans les années 1960, où une vibrante scène artistique multiculturelle se développait vigoureusement.
À un moment où “seuls les Anglais blancs faisaient de la photographie”, tel qu’il le souligne, James Barnor mettait à l’honneur la puissance de la diaspora d’Afrique subsaharienne, loin des clichés coloniaux portés auparavant par des voix blanches. Pour l’historien de l’art Kobena Mercer, le travail de James Barnor met en avant “la dimension diasporique” du continent africain. Une diaspora exaltée qui, loin de souffrir d’une “tragique perte de racines”, se réinvente et crée “de nombreuses routes interculturelles”.
À 92 ans, celui qui a débuté la photographie grâce à un appareil Kodak en plastique à 17 ans (puis auprès d’un cousin spécialisé dans l’art du portrait alors qu’il souhaitait devenir policier) reçoit seulement depuis quelques années la reconnaissance que son immense travail mérite. Qu’on l’appréhende de façon sociale, esthétique, historique ou artistique, son œuvre est un palimpseste d’histoires à découvrir, même (et surtout ?) dans les années 2020.
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Le livre The Roadmaker de James Barnor est co-publié par Maison CF et RRB Photobooks. L’exposition “James Barnor: Ghanaian Modernist” est visible au Bristol Museum & Art Gallery dans le cadre du Bristol Photo Festival jusqu’au 31 octobre 2021. L’exposition “James Barnor: Accra/London: A Retrospective” est quant à elle visible à la galerie Serpentine de Londres jusqu’au 22 octobre 2021.