Depuis les États-Unis, l’artiste Spencer Tunick a entamé une série proposant à tou·te·s celles et ceux qui le souhaitent de “rester ensemble séparément”. À travers Stay Apart Together, il propose aux personnes volontaires “de plus de 18 ans, de toute corpulence et de toute origine” de poser nues devant leur webcam.
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Habitué à organiser des rassemblements de plusieurs centaines de personnes nues, l’artiste réunit pendant le confinement ses modèles de façon virtuelle, sur Zoom, créant ainsi des mosaïques de portraits. Ses œuvres composites ont pour vocation à ressembler à des vitraux d’église, explique-t-il.
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“Certains des modèles sont des infirmiers ou des médecins qui rentrent le soir après avoir passé la journée dans des services Covid-19. Ils prennent le temps de faire ça après le travail. Pour eux, c’est une façon de s’échapper, de faire quelque chose de complètement différent et de penser à autre chose.”
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Stay Apart Together, 2020. (© Spencer Tunick)
En clin d’œil à la pandémie, Spencer Tunick fait parfois poser ses modèles avec un masque ou leur demandant de se faire un câlin à eux-mêmes. Ces séances photo sous forme de conversations virtuelles, orchestrées par l’artiste, accueillent de deux à 100 modèles nu·e·s comme des vers, prenant le temps de participer à un projet collectif.
Au fur et à mesure que la série avance, Spencer Tunick partage ses mosaïques sur son compte Instagram. Afin de respecter les règles de la plateforme appartenant à Facebook, il doit cependant censurer tétons féminins et parties génitales.
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Stay Apart Together, 2020. (© Spencer Tunick)
Spencer Tunick, artiste activiste
Au cours de sa carrière, l’artiste américain a été arrêté cinq fois. Et s’il a dû faire face aux forces de l’ordre plusieurs fois depuis 1992, c’est parce que son travail tourne depuis toujours autour de la nudité. En moins de trente ans, il a organisé plus de cent performances où se réunissent des dizaines, des trentaines, des centaines, voire parfois des milliers, de personnes nues.
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Il immortalise chacune de ses œuvres, dans lesquelles l’entité des corps nus “se métamorphose en une nouvelle entité“, tel qu’il aime à le décrire. Ces dernières années, les réseaux sociaux ont pris une place prépondérante dans son travail, autant parce qu’ils permettent une large diffusion de ce dernier, que parce qu’ils censurent fermement la nudité.
Stay Apart Together, 2020. (© Spencer Tunick)
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Le tabou autour des corps nus, contre lequel se bat Spencer Tunick, a pris davantage d’ampleur avec les réseaux sociaux, qui refusent de voir des corps nus même lorsqu’il s’agit d’œuvres d’art ou d’images informatives. En réponse à cette censure, Spencer Tunick multiplie les événements. Le dimanche 2 juin 2019, il organisait par exemple #WeTheNipple, un rassemblement de centaines de personnes nues devant les locaux new-yorkais de Facebook.
Allongées fesses découvertes contre le sol, ces dernières cachaient leurs parties génitales (et leurs tétons pour les femmes) avec des stickers géants de tétons masculins, afin d’illustrer le ridicule de l’interdit qui pèse sur le téton féminin et sur la nudité en général sur les réseaux. Son engagement contre la censure artistique est toujours efficace car il fédère. Malheureusement, les équipes dirigeantes des plus célèbres plateformes font la sourde oreille et refusent de modifier leurs politiques.
“Mexique, France”, Stay Apart Together, 2020. (© Spencer Tunick)
Stay Apart Together, 2020. (© Spencer Tunick)
Stay Apart Together, 2020. (© Spencer Tunick)