Quinze ans après les faits, la genèse de la célébrité de la peintre anglaise Stella Vine fait toujours couler de l’encre – preuve en est. Tous les ingrédients pour une folle histoire liée aux rouages du marché de l’art contemporain sont présents : on y parle d’une peintre autodidacte inconnue, mère célibataire anciennement strip-teaseuse, de la princesse Diana, d’un riche galeriste et d’un tableau, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est laid, qui fait le succès de son autrice.
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Tout commence dans les années 2000, lorsque Stella Vine (Melissa Jane Robson de son vrai nom) se met plus sérieusement à la peinture, après l’actorat, la musique et quelque temps passés dans des strip-clubs londoniens. L’artiste, autodidacte, est fascinée par la princesse Diana et par les circonstances obscures de sa mort. Elle consacre à la princesse de Galles une trentaine de tableaux, qu’elle finit par – en partie – détruire. En 2003, elle réalise une œuvre sanglante, qui bouleversera sa vie.
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Hi Paul can you come over I’m really frightened représente Diana Spencer, diadème sur la tête, les joues roses, les lèvres dégoulinant de rouge à lèvres ou de sang, le mystère est intact. En lettres carmin est également inscrit le titre de la toile, inspiré semble-t-il par une lettre qu’avait écrite Diana à son majordome, Paul Burrell. L’aristocrate y confiait ses angoisses qu’on cherchait à la tuer, d’où ce titre sinistre : “Salut Paul peux-tu venir je suis vraiment terrifiée.”
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Le jeu du marché de l’art contemporain à l’œuvre
La toile se retrouve dans une petite galerie londonienne, mise en vente à 100 livres Sterling. En 2004, le riche marchand d’art Charles Saatchi achète la toile pour six fois son prix. Coup de théâtre dans le monde de l’art : pourquoi l’un des plus célèbres galeristes du monde achète-t-il, si cher, une toile que tout le monde semble détester. Certain·e·s trouvent qu’elle déshonore la bien-aimée princesse Diana, tandis que d’autres la trouvent “profondément conventionnelle”, loin de révolutionner l’art contemporain tant elle ne va pas plus loin que son apparente laideur.
Stella Vine elle-même considère que son tableau est “très mauvais”. Cela n’empêche pas Charles Saatchi de l’exposer dans sa galerie. Le coup de communication est habile et phénoménal : pourquoi un acteur si réputé du monde de l’art décide tout d’un coup de mettre en avant une toile décriée par tou·te·s, tant pour son sujet que sa technique, réalisée par une inconnue au passé sulfureux ?
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La cote de Stella Vine double d’un jour au lendemain et les journaux font leurs choux gras de cette affaire. Le nom de Saatchi est sur toutes les lèvres. Les calculs sont bons, Charles Saatchi s’est joué des remous du marché de l’art contemporain et, quinze ans plus tard, Hi Paul can you come over I’m really frightened est sans doute la toile la plus connue de Stella Vine, qui l’a fait accéder à la célébrité alors qu’elle avait songé à s’en débarrasser. Le marché de l’art est un jeu et Charles Saatchi est un adversaire redoutable.