Comment le quartier de Montparnasse est devenu le centre du monde de l’art ?

Publié le par Konbini avec AFP,

© Mars Film

Il y a 100 ans, le quartier de Montparnasse à Paris devenait le point d’attraction universel des artistes.

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Il y a 100 ans, Montparnasse devenait la capitale des artistes, une concentration inédite de talents qui se retrouvent dans un beau livre consacré à ce moment particulier de l’histoire de l’art. La fin 1922, c’est l’apogée peut-être de ce qu’on appellera l’École de Paris et la consécration d’un des grands peintres qui ont fait la légende de ce quartier, le Japonais Léonard Foujita.

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Son tableau Nu couché à la toile de Jouy, qui représente le modèle Kiki de Montparnasse, dans une pose rappelant la scandaleuse Olympia d’Édouard Manet, triomphe au Salon d’automne, soit ce qui reste de l’ancien monde de l’art académique. C’est l’une des nombreuses œuvres rassemblées dans Montparnasse : quand Paris éclairait le monde, paru début novembre aux éditions Albin Michel. “Un éditeur du quartier”, plaisante l’auteur, Mathyeu Le Bal, fondateur de la galerie d’art moderne et contemporain Les Montparnos.

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Cette galerie constitue l’un des rares vestiges du bouillonnement des années 1910 à 1930, dans ces quelques kilomètres carrés du sud de la capitale française. “Quand j’ai ouvert dans le quartier en 2008-2009, il ne restait plus rien, un désert culturel”, se souvient ce grand amateur d’art moderne et contemporain, interrogé par l’AFP.

Bohème

Le lieu est petit, dans une rue peu passante d’un coin de Paris qui l’est beaucoup. Autour de la gare et de la tour du même nom, Montparnasse est devenu depuis la fin du XXe siècle un centre d’affaires et de commerce, garni de cinémas et de restaurants.

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Plus grand-chose n’y rappelle aujourd’hui la bohème qui attira Foujita et d’autres grands noms passés à la postérité : Amedeo Modigliani, Marc Chagall, Chaïm Soutine, Alberto Giacometti, pour ne citer qu’eux. “Des touristes cherchent encore les traces de ce passé. Il est caché, dans des ateliers, des académies d’art où tout le monde n’entre pas. Il reste les brasseries comme la Coupole ou la Rotonde, dont la clientèle a changé”, selon Mathyeu Le Bal.

Reste aussi une mémoire vivante, Jeanine Warnod, 100 ans, fille d’un critique d’art qui reçut chez lui nombre de personnalités du quartier. Comme elle le raconte dans la préface, “les artistes ne faisaient pas d’enfants, j’étais leur poupée, tous me choyaient”. Et pour cause : ils avaient à peine de quoi manger eux-mêmes.

“Hydre à mille têtes”

D’autres livres avaient déjà retracé cette épopée, comme celui d’un États-Unien passionné de cette histoire, Billy Klüver (Kiki’s Paris, 1989), ou ceux des écrivains français Jean-Paul Caracalla (Montparnasse, l’âge d’or, 1997) ou Dan Franck (Bohèmes, 1998). Mathyeu Le Bal prévoyait d’abord de ressusciter simplement des oubliés du quartier, comme le peintre breton Maurice Le Scouëzec, qu’il affectionne et dont il connaît la famille.

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“C’est ce qui m’intéresse dans mon travail de galeriste : retrouver des œuvres de ces artistes mal connus. Mais quand on parle d’eux, on tombe forcément sur les plus célèbres. La généalogie et les influences croisées des Montparnos, c’est une hydre à mille têtes”, dit-il.

Le quartier, qui tire son nom d’une butte artificielle où des étudiant·e·s déclamaient de la poésie, commence par être celui des peintres académiques du XIXe, puis d’impressionnistes des années 1860. Il attire toute l’attention le jour de 1912 où, quittant la butte Montmartre, Picasso vient s’y installer. La crise économique des années 1930 et l’invasion allemande en 1940 disperseront ces communautés d’étranger·ère·s, venu·e·s de tous les coins de l’Amérique et de l’Europe. La fête est finie et elle reprendra, après-guerre, à New York.