Comment le dessin d’une tragédienne sur son lit de mort a révolutionné le droit à l’image

Publié le par Lise Lanot,

© Elisabeth O’Connell/Wikipedia Commons

En 1858, la diffusion d’un dessin de la tragédienne française Rachel a questionné le droit à l’image.

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En 1858, Élisabeth-Rachel Félix, connue sous le nom de “Rachel”, décédait. En plus de signer la disparition d’une des plus grandes tragédiennes du XIXe siècle, cette mort façonna l’idée du droit à l’image, tel que nous le connaissons aujourd’hui, en participant à sa jurisprudence.

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Sur son lit de mort, la tragédienne est photographiée sur demande de sa sœur aînée Sarah – tel que le veut la coutume de l’époque. Réservées habituellement à un usage privé, rapporte Médias19, les images sont “rapidement mises en circulation” dans la ville et inspirent à Frédérique O’Connell, (une artiste très en vogue dans le Paris […] mondain du Second Empire”), un dessin au fusain de la comédienne.

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“Rachel sur son lit de mort”, 1858. (© Frédérique O’Connell/Wikipedia Commons)

L’œuvre, intitulée Rachel sur son lit de mort, est publiée dans un journal sans que la famille de la défunte n’ait été consultée. S’ensuit alors un procès, instigué par Sarah – la sœur de Rachel – et leur père, pour violation du droit à l’image. L’instance, menée par le Tribunal civil de la Seine, marquera d’une pierre blanche le commencement du débat sur le droit à l’image en France. Le 16 juin 1858, le tribunal rend une des premières décisions relatives à cette épineuse problématique – notamment lorsqu’elle concerne des personnes célèbres.

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Le droit à l’image : une histoire évolutive

Dans son article “Vie privée et droit à l’image : les franchises de l’histoire”, Nathalie Mallet-Poujol précise que cette première décision traite d’une dépouille et d’un droit à l’intimité relatif au deuil, puisque la “tradition héritée de l’affaire Rachel” permet dans un premier temps “aux proches d’un défunt d’interdire la reproduction de ses traits sur son lit de mort, dans le strict respect que commande la douleur des familles”.

La tragédienne prise en photo sur son lit de mort, tel qu’il était parfois d’usage à l’époque.

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Au fil des époques, les jurisprudences aidant, les lois relatives au droit à l’image s’affinent. En 1858, la famille de “Mademoiselle Rachel” avait bien eu la satisfaction de voir les photos et le dessin de Frédérique O’Connell retirés de la circulation. Cependant, ajoute Médias19, “le jugement eut surtout pour effet d’accroître la popularité de l’œuvre de F. O’Connell et d’attiser la convoitise médiatique”. Un cercle vicieux souvent encore à l’œuvre aujourd’hui.

Si le dessin Rachel sur son lit de mort est désormais placé dans le domaine public, son droit à l’image reste éternel et pourra toujours être défendu par ses descendant·e·s.