C’est quoi… la peinture symboliste ?

Publié le par Lise Lanot,

© Österreichische Galerie Belvedere

Pour comprendre les grands mouvements artistiques et ne plus hocher la tête les yeux dans le vide quand on vous parle d’art.

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Vous avez déjà hoché la tête, les yeux dans le vide, espérant qu’on ne vous demande pas plus de précisions sur le sujet dont on vous parle depuis dix minutes ? C’est pour éviter ce genre de situations, proposer des pistes de réflexion et démocratiser l’accès à l’histoire de l’art que nous vous concoctons cette série d’articles dédiée aux grands mouvements artistiques. Cette semaine, dans notre viseur : le symbolisme pictural.

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Comment le symbolisme est-il né ?

Le 18 septembre 1886, le poète Jean Moréas publiait dans Le Figaro son Manifeste du symbolisme. L’écrivain grec célébrait la naissance de cette “nouvelle manifestation d’art […] attendue, nécessaire, inévitable” s’élevant dans le dépassement du romantisme et en contraste du naturalisme.

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Gustav Klimt, Le Baiser, 1908-1909. (© Österreichische Galerie Belvedere)

Après la volonté naturaliste de reproduire fidèlement la réalité (à travers la plume d’Émile Zola notamment), le symbolisme poétique se traduit par une volonté de suggérer plutôt que de dire. L’objectivité ne représente plus un idéal mais simplement un “point de départ extrêmement succinct”.

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Pour Jean Moréas, les “phénomènes concrets” ne doivent pas se “manifester eux-mêmes” mais plutôt se parer d’analogies, de “formes sensibles” bref, de symboles. De cette officialisation littéraire découleront des mouvements musicaux, théâtraux et picturaux.

Le symbolisme, qu’est-ce que c’est ?

Le symbolisme pictural est fondé sur les mêmes principes que son pendant littéraire. Il s’agit d’utiliser des symboles et des idées abstraites pour évoquer une idée, une émotion et même le croisement de plusieurs sentiments.

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Edvard Munch, La Mélancolie, 1894-1896. (© Musée d’art de Bergen)

La primauté donnée à l’impression et à la sensation fait de certains thèmes des incontournables de l’art symboliste, notamment l’ésotérisme et l’occulte, le passé et la mélancolie, la nature, la nuit et la solitude. Cet attrait pour l’invisible et le rêve appuie la volonté du symbolisme de toucher les émotions, voire peut-être l’inconscient du public plutôt que son cerveau. Si l’être humain est souvent au centre des toiles symbolistes, c’est plutôt pour traiter de sa soumission face aux forces de la nature, aux énergies qui le dépassent.

Le symbolisme revêt différentes formes : il ne dispose d’aucune recette, il n’existe que dans la volonté de créer un pont entre le réel et l’imaginaire, grâce aux impressions qu’il fait naître chez son public en convoquant son expérience personnelle. Cela peut passer par des symboles clairement intégrés (des créatures énigmatiques par exemple) ou un traitement audacieux de la lumière et des ombres.

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James Whistler, Variations en violet et vert, 1871. (© Musée d’Orsay)

Qui sont les artistes du symbolisme ?

Dans son manifeste littéraire, Jean Moréas cite Stéphane de Mallarmé, Charles Baudelaire ou encore Paul Verlaine. En ce qui concerne la peinture, les noms récurrents rapprochés de l’art symboliste sont Gustav Klimt, Fernand Khnopff, Gustave Moreau, Edvard Munch, Pierre Puvis de Chavannes, Odilon Redon ou encore James Whistler.

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Chez chacun de ces artistes, la sensibilité symboliste se traduit différemment, qu’il s’agisse des feuilles d’or utilisées par Klimt pour créer un univers magique, des créatures mythologiques et religieuses de Moreau ou des énigmatiques patchworks visuels de Fernand Khnopff.

Odilon Redon, Le Cyclope, 1914. (© Musée Kröller-Müller)

Mouvement culturel plus que genre artistique figé, le symbolisme s’est étendu à travers les frontières. Parfois proche d’autres courants, tels que l’impressionnisme, il s’est infiltré à plus ou moins haute dose dans les travaux d’artistes divers·es.

Et aujourd’hui ?

Si les dorures et les poses langoureuses de Klimt, les paysages bigarrés de Redon ou les couleurs chatoyantes de Munch vous parlent, nous vous conseillons de vous intéresser à leurs dignes héritier·ère·s dont les travaux, empreints de symbolisme, invitent au rêve et à la contemplation, à l’instar d’Annabel Faustin, Dalel Ouasli, Gabrielle Rul ou Alexandre Yang.