Selon un rapport des centres de contrôle et de prévention des maladies, l’espérance de vie des personnes noires a toujours été plus faible que celle des personnes blanches. Cette différence, qui serait d’au moins six ans aux États-Unis, est liée au manque d’accès aux soins pour les personnes noires, aux écarts de niveaux de vie et d’exposition à la violence.
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En 2020, aux États-Unis, sur 897 personnes tuées par la police, 28 % des meurtres concernaient des personnes noires – alors que celles-ci ne constituent que 13 % de la population américaine, précise le site Mapping Police Violence. Selon ce même site, les personnes noires auraient trois fois plus de chances d’être tuées par la police que les personnes blanches.
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Malgré le sursaut populaire et le mouvement Black Lives Matter qui a gagné le pays depuis la mort de George Floyd, les meurtres racistes ne fléchissent pas. Il y a quelques jours encore, lundi 26 octobre, la police de Philadelphie tuait Walter Wallace Jr, un jeune homme noir de 27 ans.
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La prestigieuse université de Yale publiait le lendemain une étude qui indiquait que, “malgré l’usage de caméras corporelles et une attention accrue des médias”, il n’y a eu “aucune réduction de la disparité raciale concernant les victimes mortes des tirs de la police”. De même, les personnes noires sont plus promptes à subir les violences des quartiers difficiles, à l’instar de Kareem Palmer, un adolescent de 16 ans tué d’une balle alors qu’il quittait son domicile, ce dimanche 1er novembre.
C’est en réponse à ces différences d’espérance de vie et ces disparitions précoces que l’artiste Titus Kaphar a entamé From a Tropical Space : une série de toiles poignantes dépeignant des femmes noires chez elles ou à l’extérieur. Tout est coloré, à l’exception de découpes représentant les silhouettes de leurs enfants. Cette mise en exergue de leur disparition est bouleversante, rappelant que chaque mère noire craint pour la vie de son enfant.
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Les mères fixent souvent le public, comme si elles lui demandaient de prendre conscience de leur situation et de leur souffrance. Les découpes laissent voir les murs sur lesquels sont exposées les toiles, un rappel du trou béant laissé par une disparition si brutale. La technique précise du peintre et ses couleurs vives, à l’huile, infusent les œuvres d’une “tension omniprésente”, souligne l’artiste. Son usage magistral des couleurs accroît d’autant plus le vide laissé par les petites silhouettes d’enfants. Privés de visages, ces enfants rappellent que ces meurtres sont bien trop généralisés.
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From a Tropical Space est présentée à la galerie Gagosian de New York, jusqu’au 19 décembre 2020.