Attendue depuis 2020 et retardée à cause de la pandémie, l’ouverture de la Bourse de Commerce, abritant la Collection Pinault, a enfin lieu. Le musée d’art contemporain, dont la beauté de l’architecture repensée par Tadao Ando s’impose à vous dès votre arrivée, a rouvert avec des restrictions de jauges. 800 personnes maximum sont autorisées au sein des 10 500 mètres carrés regroupant une dizaine d’espaces d’exposition modulables de 6 800 mètres carrés.
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Comme son nom l’indique, cette collection d’art appartient au milliardaire français François Pinault, qui a placé l’inclusivité et la diversité comme mots d’ordre pour ce nouveau lieu artistique et culturel parisien, situé entre le Louvre et Les Halles. Une variété de disciplines sont présentées : quelque 10 000 photographies, installations, peintures, films, sculptures, allant des années 1960 à nos jours, et rassemblant près de 380 artistes.
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Une entrée saisissante
Dès votre entrée sous la Coupole en verre exhibant une fresque du XIXe siècle, vous vous retrouverez nez à nez avec une surprenante sculpture d’Urs Fischer. Il s’agit d’une réplique de l’Enlèvement des Sabines – dont l’originale est visible à Florence –, représentant cet épisode de l’histoire romaine durant lequel des hommes ont kidnappé des femmes des villes alentour, notamment dans la région où habitent les Sabin·e·s. La particularité de cette œuvre de Fischer réside dans sa dimension éphémère : tout est fait en cire, tout brûlera, fondera dès le premier jour de l’inauguration et se transformera.
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Cette sculpture centrale est entourée de différents modèles de chaises renvoyant à l’idée de mondialisation déjà sous-tendue par la fresque sur l’histoire du commerce qui l’abrite. La fuite du temps, le memento mori, la vanité mais aussi la force de la destruction créative sont les thèmes principaux qui animent cette installation.
Si vous levez le regard vers le ciel, vous tomberez forcément sur les pigeons naturalisés de Maurizio Cattelan. Intitulée Others, cette œuvre paraît innocente au premier abord mais questionne le sentiment d’inquiétude face à à l’autre, face à l’étranger·ère, notamment concernant les flux migratoires.
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Une collection importante d’artistes militant·e·s
Du côté des salles, le public aura le loisir de découvrir les travaux engagés de David Hammons, grande figure artistique africaine-américaine du Black Arts Movement, qui livre des œuvres dénonciatrices puissantes et toujours d’actualité. À l’étage, ce sont les tableaux de Ser Serpas qui nous ont frappées. La jeune artiste a documenté sa transition à travers des peintures morcelées, en s’appuyant sur ses selfies.
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Plus loin, les images iconoclastes de Cindy Sherman et Martha Wilson se dévoilent aux côtés des peintures de Lynette Yiadom-Boakye, traitant de l’identité noire, et des tableaux grand format candides du jeune peintre Florian Krewer qui explore la masculinité et les codes des quartiers populaires, dans des scènes de mouvement digne des danses de Matisse.
Et peut-être, sur le chemin du retour, aurez-vous la chance de vous laisser surprendre par la petite souris mécanique de Ryan Gander, qui vous aura observé·e·s tout ce temps, depuis son petit trou, au rez-de-chaussée.
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Bon à savoir : la Bourse de Commerce est gratuite pour les moins de 18 ans. Si vous avez entre 18 et 26 ans, la carte “Super Cercle” (gratuite, que vous pouvez vous procurer en envoyant un simple mail) vous permet de bénéficier d’une entrée libre tous les jours à partir de 16 heures.