La bourse Révélations Emerige a annoncé le lauréat de sa sixième édition. C’est l’artiste numérique et photographe Paul Heintz qui a remporté le gros lot, dont 15 000 euros pour réaliser sa première exposition solo en 2020 ainsi qu’un “accompagnement professionnel [et] un atelier”. Qu’il s’agisse de s’intéresser au quotidien d’un peintre chinois passé maître dans l’imitation de tableaux ou à des faits divers opposant des sosies de stars, l’artiste “vise à la déconstruction méthodique des dispositifs de la fiction qu’il a lentement échafaudée, qu’elle soit d’ordre politique, sociologique ou cinématographique”.
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Ses œuvres, ainsi que celles des onze autres finalistes de la bourse et des gagnant·e·s des cinq dernières années, sont exposées à Voltaire, nouveau “lieu de diffusion de création contemporaine” créé dans le 11e arrondissement parisien. Paul Heintz présente plusieurs travaux, dont une vidéo de 18 minutes, Foyers, faite de récits de pyromanes (qui racontent par exemple vouloir “réchauffer un monde un peu froid”) au travers de lectures psychanalytiques.
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Un projet photo particulièrement émouvant, visible sous la forme d’un journal papier grand format, est également présenté à Voltaire. La Vie 2 rêve Nick Charles III est une compilation d’images prises en novembre 2010 à la prison Charles III de Nancy. Un an après sa fermeture, Paul Heintz s’est rendu à l’intérieur des cellules afin d’immortaliser les tags laissés au fil des années par des détenus.
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Les photographies, dont la froideur et la dimension brute sont particulièrement émouvantes, transportent le public dans des histoires si lourdes qu’il semble que seuls quelques dessins ou mots nébuleux ont la capacité de porter.
Une expo qui fait dialoguer les œuvres des 12 finalistes de la bourse
Aux côtés des installations et vidéos de Paul Heintz, on retrouve les travaux des onze autres finalistes, choisi·e·s parmi 700 dossiers reçus, des artistes français ou vivant en France “choisis pour les qualités plastiques de leurs œuvres et pour leur regard engagé sur le monde et ses mutations”. Les œuvres présentées sont mises en dialogue sur deux étages – tandis que le rez-de-chaussée est consacré aux travaux des artistes lauréat·e·s des cinq éditions précédentes – au travers de l’exposition “L’effet falaise”, une expression utilisée dans l’industrie nucléaire qui décrit “l’altération brutale du comportement d’une installation, qui peut être provoquée par une infime modification des réactions impliquées dans le scénario d’un accident. La chaîne des conséquences peut alors être fortement perturbée et engendrer des conséquences catastrophiques.”
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Dans les longs espaces lumineux de Voltaire, sont ainsi visibles jusqu’au 17 novembre, des photographies, des tableaux, des dessins ou encore des installations sonores et vidéos variées. En présentant une immense peluche de lui-même face à une petite télévision diffusant un entretien mené au préalable avec ses grands-parents, concernant leur immigration en France depuis le Portugal, Charlie Aubry traite de façon aussi poétique que terre à terre les thèmes de l’identité personnelle et de la quête des origines.
Les dessins à la gouache et à la feuille d’or sur papier de Kubra Khademi interrogent quant à eux les relations de l’artiste avec sa mère, entre protection et étouffement ; tandis que les huiles sur toile de Maxime Biou rappellent des influences découlant de Francis Bacon ou encore de Lucian Freud. À leurs côtés sont également visibles les travaux de Carlotta Bailly-Borg, Néphéli Barbas, Olivier Bémer, Tirdad Hashemi, Simon Martin, Margot Pietri, Victoire Thierrée et Janna Zhiri : de quoi se frotter aux artistes contemporain·e·s de demain en une visite.
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L’exposition de la bourse Révélations Emerige “L’effet falaise” est visible à l’espace Voltaire (Paris), jusqu’au 17 novembre 2019.