À l’occasion de la rétrospective consacrée à l’artiste, la Fondation Louis Vuitton met en lumière son amour du jazz.
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Jusqu’au 14 janvier 2019, la Fondation Louis Vuitton rend hommage à Jean-Michel Basquiat, l’enfant prodige de l’art contemporain, à travers une rétrospective immersive et colossale. Celle-ci met notamment en lumière la relation intime qu’entretenait l’artiste avec la musique, dans une salle entièrement dédiée à cette deuxième passion.
Du courant bepop, en passant par le noise, le hip-hop ou encore les mélodies latinos et afro-américaines, la musique a été essentielle dans la vie de l’artiste new-yorkais. Des couleurs qui hurlent et s’entrechoquent avec des rébus picturaux, l’œuvre de Basquiat dévoile une certaine rythmique artistique qui lui est propre.
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Le jazz, réelle source d’inspiration depuis son enfance
Depuis toujours, la musique, et plus particulièrement le bepop (courant majeur du jazz qui voit le jour en 1945) occupe une place privilégiée dans la vie de l’artiste. Des artistes tels que Jackson Pollock et Franz Kline ont bercé son enfance et forgé l’homme qu’il est devenu. Cette passion musicale, qui lui vient de son père, lui a apporté une grande ouverture d’esprit dans son approche artistique.
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L’une des caractéristiques principales du bepop est son rythme très rapide, ainsi qu’une forte présence des trompettes et des saxophones – des instruments que Basquiat illustrait couramment dans ses tableaux. Et tout comme son œuvre, la mélodie de ce courant était complexe et tortueuse.
“La musique est le reflet de votre propre expérience, votre pensée et votre sagesse. Si vous ne la vivez pas, elle ne sortira pas de votre instrument”, disait Charlie Parker, le fondateur du bepop. Des propos qui font écho à la puissance créatrice de Basquiat, qui prend aux tripes et secoue ses spectateurs.
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L’artiste peintre a toujours mêlé ses œuvres à sa vie personnelle, ses passions, ainsi que ses héros. C’est donc sans grande surprise que nous découvrons dans de nombreux tableaux, plusieurs hommages rendus à ce style musical.
Hommage à ses héros du jazz
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Connus et reconnus pour avoir réinventé les palettes harmoniques, mélodiques et rythmiques du jazz, Charlie Parker, Miles Davis, Dizzy Gillespie ou encore Max Roach ont été une constante source d’inspiration pour l’artiste. Et à l’instar de ses héros, Basquiat faisait de l’innovation, l’improvisation et la libre interprétation les principes fondateurs de son processus créatif. Dans plusieurs de ses œuvres, Basquiat dresse un portrait figuratif et linguistique de ses icônes.
Charles the First (peint en 1982) révèle plusieurs dates clés qui font directement référence à la vie de Charlie Parker. 1939 ferait écho à l’année où Parker a dit avoir eu une révélation mélodique, tandis que 1951-1953 seraient celles de la courte vie de la fille du musicien. Enfin, les annotations “Opera” et “Cherokee“, viennent accentuer le culte que l’artiste voue à la musique, et plus spécifiquement, au jazz.
CPRKR, réalisée en 1982, est une œuvre funéraire où figure le lieu de mort de Parker : au Stanhope Hotel. On retrouve également une (fausse) date de mort du musicien ; celui-ci décède le 12 mars et non le 2 avril. Le tableau Discography est, quant à lui, une retranscription des faits historiques de l’histoire de bepop. Cette œuvre fait directement référence au premier enregistrement du bepop avec le nom de ses figures emblématiques, ses instruments principaux et une partition clé.
En 1983, Basquiat dévoile Horn Players où nous retrouvons Charlie Parker illustré aux côtés de Dizzy Gillespie. Afin que nous soyons sûrs de l’identité des musiciens, Basquiat n’hésite pas à écrire (plusieurs fois) leurs noms. Ces écrits sont accompagnés des annotations “Alchemy” et “Ornitholongy“ – deux morceaux emblématiques de la carrière de Parker.
L’œuvre Trumpet, peinte en 1984, est un hommage rendu à un Miles Davis sacralisé, coiffé d’une couronne. La même année, il réalise Max Roach pour honorer une nouvelle fois le batteur. Toujours en 1984, l’artiste peint Zydeco, et représente ce courant au nom éponyme et aux influences blues, apparu au cours des années 1930, en Louisiane.
“Gray”, le groupe expérimental de Basquiat
En 1979, Jean-Michel Basquiat rencontre Michael Holman, Shannon Dawson et Vincent Gallo à une soirée. Tous les quatre, ils décident de créer leur groupe Bad Fools. Un nom qui changera deux fois (“Channel 9” puis “Test Pattern”) avant que Dawson ne les quitte et que Nick Taylor et Wayne Clifford se greffent à eux. Tous les cinq, ils forment alors “Gray”.
Gray s’inscrit comme l’un des précurseurs de la musique noise, qui annonce les débuts de la musique électronique. Ce courant, basé sur l’expérimentation et le non-conformisme, se caractérise par des effets sonores qui utilisent la reverb et l’écho. On parle alors de “no wave”, le mouvement emblématique du New York underground des années 1980.
Un nom qui, par la même occasion, se moque allègrement du genre new wave, représenté par des groupes tels que New Order ou encore OMD. Gray ne sort aucun disque mais quelques années après leur séparation, Shades Of voit le jour, un album qui regroupe une compilation de plusieurs de leurs enregistrements.
Tout comme son œuvre picturale, Gray est un concentré d’influences et d’explorations. Comme le rapporte Les Inrocks, les sonorités du groupe font écho au hip-hop, aux atmosphères ambiantes, sons industriels, minimalisme, post-punk, guitares jazzy, spoken word, ou même pop. Un groupe de musique qui retranscrit avec brio les influences multiples qui inspiraient l’artiste dans son travail de peintre.
Basquiat entretenait une relation intime avec la musique, qui occupait une place primordiale dans son quotidien. Bien plus qu’une passion, la musique a orchestré sa vie d’artiste. En témoignent les nombreuses œuvres où sont représentées des instruments, des partitions, ou encore des références aux musiciens de son époque. Au-delà de cette relation passionnelle, le cercle proche de Basquiat et ses inspirations provenaient souvent de l’univers musical. Un amour polymusical qui est à découvrir à la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 14 janvier 2019.
Exposition sur Basquiat et la musique à voir jusqu’au 14 janvier 2019 à la Fondation Louis Vuitton.