La boutique virtuelle de Banksy, annoncée au début de ce mois lors de l’ouverture de son premier magasin éphémère à Croydon, dans le sud de Londres, est enfin en ligne. Jusqu’au 28 octobre, le site Gross Domestic Product met en vente une vingtaine de produits plutôt caustiques, et ce pour toutes les bourses.
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Le street artist présente des tasses à 10 livres sterling l’unité (soit 10,50 euros) “faites par des enfants et signées par l’artiste” et des jouets en bois – limitées actuellement à cinq éditions – “pour apprendre à compter” grâce à des figurines de réfugié·e·s prêt·e·s à être embarqué·e·s dans un fourgon, à 750 livres chacune (environ 870 euros), qui serviront à financer des missions de sauvetage pour les migrant·e·s en Méditerranée.
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Banksy a toujours affirmé son refus de monétiser ses œuvres destinées à la rue ou de rentrer dans les petits jeux aux gros billets de l’art contemporain. C’est pour cela que toute exposition de ses œuvres est, d’une certaine façon, illégale et qu’il ne touche rien des sommes astronomiques rapportées par les ventes aux enchères de ses travaux à de fortuné·e·s collectionneur·se·s d’art.
Cependant, si Banksy se met soudainement à la vente par correspondance, ce n’est pas par retournement de veste, mais parce qu’il serait dans l’obligation “de protéger son nom face à une entreprise de cartes de vœux, [qui] souhaiterait depuis au moins un an déposer légalement le pseudonyme du Britannique afin de vendre sa fausse marchandise Banksy en toute légalité”, rappelions-nous au début du mois.
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“Cette boutique ne fonctionne pas au premier arrivé, premier servi. […] Vous avez jusqu’au 28 octobre pour naviguer sur le site et vous inscrire si un produit vous intéresse. S’il vous plaît, choisissez-en seulement un puis entrez vos informations personnelles ainsi que la réponse à la question posée. Les participants seront choisis de façon aléatoire et auront sept jours ouvrés pour se rétracter s’ils le souhaitent.”
Si la demande dépasse l’offre, la réponse à la fameuse question pourrait permettre de départager les candidat·e·s. Il leur est demandé de répondre de façon aussi “amusante, informante ou éclairante que possible” à la question “Why does art matter ?” soit “Pourquoi est-ce que l’art importe ?”.
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L’artiste n’hésite pas à utiliser le mot de “produits”, terme paradoxal dans le monde de l’art puisque l’art peut se définir comme ce qui, justement, ne sert à rien. Il insiste cependant sur le fait que ces produits sont fabriqués “dans un studio d’art et pas dans une usine” :
“Tout est créé par une poignée de personnes utilisant, dès que c’est possible, des matériaux recyclés dans une culture de travail où l’on boit en pleine journée. Donc il n’y a pas un stock infini et tout n’est pas prêt à être envoyé à la minute. Nous vous rappelons que Gross Domestic Product peut être une expérience de vente très décevante – surtout si vous parvenez à la mener à bien.”
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Malgré l’insistance de Banksy sur sa volonté de rendre accessibles ces produits à des personnes aux revenus moins élevés que celles et ceux qui s’arrachent habituellement ses œuvres, il est possible que ces dernières, “bien inférieures à leur valeur marchande”, soient ensuite revendues à des montants agrémentés de nombreux zéros.
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