À l’occasion de la sortie du dernier album de Travis Scott, Astroworld, pour lequel David LaChapelle a réalisé deux pochettes, on a décidé de revenir sur les meilleures couvertures d’album imaginées par le photographe à l’univers érotique et décalé.
Publicité
La semaine du 31 juillet, à Los Angeles, Houston, New York et d’autres villes des États-Unis, on pouvait voir des installations surgir de toutes parts représentant la tête de Travis Scott, version dorée et gonflable, pour annoncer la sortie de son album Astroworld. Dans la foulée, il révèle les deux pochettes alternatives de cet opus attendu le 3 août, sur lesquelles on retrouvait cette tête dorée énigmatique.
Publicité
En roi du teasing, il dévoile par la même occasion sa collaboration avec le photographe américain David LaChapelle, pas inconnu au bataillon. Les deux couvertures dépeignent deux ambiances différentes. D’un côté, un cirque, un univers enfantin, solaire et innocent. De l’autre, un genre de sombre freak show libidineux et fantasmagorique, comme une fête foraine nocturne pour adultes extravagants.
C’est forcément la version diurne et candide qui a été retenue officiellement pour illustrer l’album. Cette décision est certainement due à la polémique autour de la seconde pochette, qui faisait initialement figurer la mannequin et chanteuse transgenre Amanda Lepore, muse de LaChapelle, finalement effacée en postproduction. Le photographe a partagé la photo nocturne de l’album avec Amanda Lepore avant Travis Scott, qui a posté la même image mais sans Amanda Lepore…
Publicité
Accusé de transphobie, Travis Scott ne s’est pas exprimé là-dessus. C’est David LaChapelle qui a posté dans les commentaires d’un de ses posts sur Instagram une très légère justification : “Amanda a été retirée simplement parce qu’elle éclipsait les autres femmes. Cela n’a rien à voir avec de la haine.”
Travis World
Le décor est relativement identique et quelque peu chaotique pour les deux pochettes, et détonne de ce fait avec l’univers de la version orthodoxe : un parterre de pop-corn, des sortes de guerriers aux têtes baissées, une fusée pour le côté astronomique, la tête de Travis Scott ayant la forme d’un ballon gonflable doré faisant office d’entrée du parc et avalant les visiteurs, quelques déchets et une voiture calcinée.
Publicité
Seuls les protagonistes changent, et si on joue au jeu des sept différences, on peut observer l’ajout de flammes sur la voiture en fond, ainsi que la présence d’une banquette de voiture au premier plan sur la pochette nocturne. Dans la version officielle, on observe des familles et des enfants tandis que dans la version censurée, ce sont des shows girls dénudées. C’est comme si ce cirque avait deux visages : le soir, il s’enflamme, et le jour, les enfants et les familles se baladent au milieu des dégâts causés durant la nuit.
Comme nous l’avons précisé lors de notre première écoute de l’album, Travis Scott a voulu rendre hommage au parc d’attractions Six Flags Astroworld, situé dans sa ville natale de Houston et détruit en 2005. Ayant un souvenir ineffable de ce parc, Travis Scott l’a placé au cœur de la direction artistique de l’album et l’a couplé avec l’univers fantasque de David LaChapelle.
“C’est ce à quoi le son va ressembler : ça fera penser au fait de retirer un parc d’attractions à des enfants. Nous voulons le retrouver. C’est pour cela que je fais ça. Ça a retiré le fun de la ville”, expliquait le rappeur l’année dernière à GQ.
Publicité
Avec facilité, les deux collaborateurs ont réinventé le parc tant regretté du rappeur, en offrant deux versions, l’une censurée, l’autre officielle, qui témoignent de l’ambition et de l’ambivalence de l’album. Lors d’une interview radio, Travis Scott racontait :
“C’est une histoire différente. Je suis passé par beaucoup d’états différents. J’ai vu beaucoup de trucs différents et c’est une histoire différente que je souhaite raconter. C’est un album plus personnel. Je veux juste que les gens apprennent à me connaître, connaître la rage que je porte à l’intérieur, mais aussi ce qu’il se passe avec mon mental et ce que je suis en train de penser.”
Publicité
Et en effet, à l’écoute, on remarque tout de suite que la trap se mêle à une guitare acoustique et à des mélodies circassiennes, comme s’il n’y avait plus de frontières entre les genres. Et il faut dire qu’ils ont été beaucoup à rentrer dans l’esprit de La Flame : Drake, The Weeknd, Juice WRLD, Frank Ocean, Swae Lee, Nav, Pharrell, James Blake, Tame Impala, Quavo, Takeoff, John Mayer, Thundercat et 21 Savage, mais aussi Mike Dean, Frank Dukes, WondaGurl, FKi 1st, Sonny Digital, Nav, Gunna et Don Toliver, pour n’en citer que quelques-uns. Difficile de ne pas devenir schizophrène avec tous ces featurings et de se limiter à une vision pour la pochette de l’album. Bref, bienvenue dans le monde enchanté et lubrique de Travis.
Florilège des pochettes d’album faites par le grand LaChapelle :
Après nous être plongés dans le monde de Travis et de sa pochette, on s’est dit qu’il serait bon de vous faire vivre un petit revival des années 1990 à travers les plus chouettes pochettes du photographe.
Mariah Carey, Rainbow
Eros Ramazzotti, Stilelibero
Elton John, One Night Only: The Greatest Hits
Ellen DeGeneres, Taste This
J.C. Sindress, Barfly IV
Christina Aguilera, Can’t Hold Us Down
Jennifer Lopez, I’m Glad
Gloria Estefan, Alma Caribeña: Caribbean Soul
Lil’ Kim, Notorious K.I.M.
Gina G, Fresh!
Aaliyah, Aaliyah
Janet Jackson, The Pleasure Principle / Fast Girls
Cruel Story of Youth, Cruel Story of Youth
Dolly Parton, Treasures
Gwen Stefani, Rich Girl
Christina Aguilera, The Voice Within
Keith Richards, Main Offenders
Fleetwood Mac, The Dance
En bonus :
Et pour plus de pochettes made in David LaChapelle, c’est ici.