Au Liban, l’exil de la communauté arménienne documenté par Ara Oshagan

Publié le par Lise Lanot,

© Ara Oshaga

Une souffrance transmise de génération en génération, racontée entre ombre et lumière.

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Les mots et les images viennent à manquer quand il s’agit de raconter la souffrance de l’exil, d’un génocide et de ses répercussions à travers les générations. C’est sans doute en réponse à ce caractère indicible que les photographies d’Ara Oshagan semblent tant emplies de mystère.

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Le noir et blanc de ses images nous plonge dans une errance entre ombre et lumière à travers les rues de Beyrouth. Les flous mystérieux des photos semblent indiquer qu’elles ont été prises à la va-vite, nous plaçant dans une position quasi voyeuriste.

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La poésie des compositions, des angles inhabituels et du grain de l’image fait cependant barrage à ce sentiment. Finalement, c’est une douceur intemporelle et une grande liberté laissée à l’imagination, au hors-champ, qui se dégagent des pages de l’ouvrage Displaced.

Une “dislocation” racontée en mots et en images

Né dans la capitale libanaise, le photographe arménien Ara Oshagan se raconte comme le produit d’une “dislocation multi-générationnelle et d’une identité diasporique”. Sa famille, retrace-t-il sur son site, a dû se déraciner à cause du génocide et s’installer dans la communauté arménienne de Beyrouth.

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Forcée de fuir, à nouveau, lors de la guerre civile libanaise, la famille est ensuite arrivée, “sans un sou, aux États-Unis”. “Je n’appartiens pas à un seul pays, une seule langue ou une seule nationalité. Je vis entre plusieurs langues et cultures, entre plusieurs façons de vivre et de penser. Mon identité est transnationale et ambiguë : c’est un processus.”

Le photographe cherche, à travers son travail, à explorer “les ambiguïtés de l’identité”, les porosités des frontières “physiques, culturelles et linguistiques” et les communautés marginalisées. Pour son dernier livre, Displaced, il est parti à la rencontre de familles et d’inconnu·e·s dans les rues de Bourj Hammoud, quartier considéré comme le “fief de la communauté arménienne du Liban”

Ses images émouvantes et fines sont accompagnées de mots signés Krikor Beledian. Le poète arménien partage des textes descriptifs et semi-autobiographiques destinés à ancrer le lectorat dans les paysages et moments captés par Ara Oshagan. Mots et images forment ainsi une alliance pour raconter l’indicible, avec force poésie.

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Displaced d’Ara Oshagan est publié aux éditions Kehrer Verlag.