Art brut, angoisses et catharsis : 3 choses à savoir sur la peintre Corinne Deville

Publié le par Lise Lanot,

© Corinne Deville/Yvon Meyer

Ses œuvres qui fourmillent de couleurs, de personnages et d’animaux racontent aussi la guerre et la souffrance.

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Morte à 91 ans, Corinne Deville a traversé la Seconde Guerre mondiale et le passage au XXIe siècle sans jamais dissocier l’art de son existence. Digne représentante de l’art brut qui refusait de se considérer comme une artiste, elle fait l’objet, pour la première fois, d’une exposition qui retrace sa longue carrière. Derrière les couleurs chatoyantes de ses œuvres se cachent nombre d’histoires et d’angoisses. Voici trois faits marquants à savoir sur la peintre française.

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Elle voyait l’art partout

Corinne Deville se donnait corps et âme à son art. Ce n’est même pas tant qu’elle se donnait, c’est qu’il l’habitait au quotidien, partout et tout le temps. “Sa vie était une œuvre” et “tout objet de la vie quotidienne était source d’inspiration et de création” pour elle, indique le site qui lui est dédié. “Dès l’enfance, elle a commencé́ à̀ peindre, à dessiner et à créer des structures”, ajoute le Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne qui organise une exposition dédiée à son travail.

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Corinne Deville, La Jeunesse de tata, 1998. (© Yvon Meyer)

En plus de dessiner et d’écrire au quotidien, sur les murs de ses appartements par exemple, l’artiste utilisait des objets de tous les jours pour créer ses œuvres. “Boîtes de thé, boîtes de conserve, canettes, étuis à cigares, paquets de cigarettes, plaques d’immatriculation”, tout se prêtait à devenir art avec Corinne Deville, qui suivait ainsi la droite direction de l’art brut dont l’essence réside dans une force instinctive, inventive et spontanée, loin de tout mimétisme ou adhésion à un courant majoritaire.

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Elle a toujours refusé d’exposer ses œuvres

L’artiste est justement considérée comme une représentante du courant théorisé par Jean Dubuffet. Son site précise qu’elle a “navigué toute sa vie hors du système de l’art”, allant même jusqu’à refuser d’exposer ses œuvres. L’exposition que lui consacre aujourd’hui le Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne est donc inédite. L’initiative prend la forme d’un hommage puisque Corinne Deville est décédée en 2021.

Corinne Deville, Liberté Patrie Vaud. (© Yvon Meyer)

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Sa volonté de ne pas se définir comme une artiste correspond à l’idéal de Jean Dubuffet d’un “vrai art” qui se trouve “toujours là où on ne l’attend pas”. “Là où personne ne pense à lui ni ne prononce son nom. L’art, il déteste être reconnu et salué par son nom. Il se sauve aussitôt. L’art est un personnage passionnément épris d’incognito”, écrivait-il dans son catalogue L’Art brut préféré aux arts culturels.

Son œuvre était cathartique

Corinne Deville est née en 1930. Son entrée dans l’adolescence se fit donc sous les bombes et marqua son travail et ses émois pour le restant de sa vie. Bien que fourmillant de couleurs et de formes, ses œuvres débordent également d’éléments inquiétants : “soldats, bombardements, flammes, brasiers sont des éléments omniprésents” de son œuvre.

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Corinne Deville. (© Yvon Meyer)

Les nombreux personnages qui peuplent ses œuvres ont souvent les yeux écarquillés, l’air halluciné, entre l’épouvante et la sidération. Ce n’est pas seulement les horreurs de la guerre qui se déploient sous nos yeux, mais aussi les angoisses quotidiennes de la mort, de l’abandon et de la solitude.

Ses paysages ruraux truffés de références à sa Suisse chérie ; ses animaux qui nagent, volent, rampent dans tous les recoins et ses personnages extravagants racontent le XXe siècle, ses traumas et ses espoirs.

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Corinne Deville, La Marine suisse, 1992. (© Yvon Meyer)
Corinne Deville, Usine Deville et Cie, Charleville Ardennes. (© Yvon Meyer)

“Vivre en peinture”, l’exposition dédiée au travail de Corinne Deville, est présentée au musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, à Paris, jusqu’au 26 mars 2023.