Johny, Ninaï, Rocky, Vanessa, Jonathan, Priscilla, Giovanni, Ana, Mickaël et Doston… Autant d’hommages que le photographe Mathieu Pernot rend à la famille Gorgan.
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Dans sa série de photos exposée aux Rencontres d’Arles, le photographe français Mathieu Pernot retrace l’évolution d’une famille rom (installée depuis au moins un siècle en France) sur plus de vingt ans. C’est l’année de ses 25 ans qu’il rencontre cette famille sur un terrain vague près d’une gare, lors de ses études de photo à Arles. Avant sa rencontre avec cette famille, il s’intéressait déjà aux Tsiganes.
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Au fil du temps, il assiste aux nouvelles naissances, aux destins individuels, aux premiers délits des plus jeunes qui grandissent et quittent le foyer, à la vieillesse des parents, et aux petits et grands drames.
Un album de famille touchant
Mathieu Pernot a commencé à photographier les Gorgan d’abord en noir et blanc, et plus récemment en couleurs, sur vingt ans mais avec une coupure de dix ans :
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“C’est en 2013, plus de dix ans après avoir réalisé ces photographies, que nous nous sommes retrouvés, comme si l’on s’était quitté la veille. J’ai vécu en leur compagnie une expérience qui dépasse celle de la photographie. L’exposition reconstitue les destins individuels des membres de cette famille. Elle retrace l’histoire que nous avons construite ensemble. Face à face. Et désormais, côte à côte”, explique-t-il sur un panneau à l’entrée de l’exposition.
Puis, il finit par leur demander de partager avec lui leurs documents familiaux afin de reconstituer un puzzle familial intime et surtout hétérogène : des tirages de Photomaton, des Polaroid immortalisant les moments de fête et leurs photos d’identité se mêlent à ses portraits. À Focus Numérique, il confie :
“Je voudrais que l’histoire des membres de la famille Gorgan marque les esprits : leur présence, leur force m’ont toujours fasciné. L’idée est de raconter des destins, des vies, des histoires, et de le faire à l’aide de multiples formes de représentation.”
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Une biographie de l’intime
Dans une démarche documentaire, il dévoile ainsi leur quotidien et leur mode de vie, d’un point de vue immersif et personnel. Il partage avec les plus jeunes des souvenirs de leur enfance et s’intègre parfaitement à la famille :
“J’essayais aussi de les aider concernant les problèmes d’ordre sanitaire, car ces familles vivaient dans des conditions désastreuses. C’est très vite devenu une expérience de vie totale – c’est-à-dire que le temps que je passais à photographier était infime par rapport au temps que je passais avec eux –, une expérience humaine avec des moments forts et des moments difficiles ; comme dans n’importe quelle famille.”
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L’exposition est d’ailleurs accompagnée de vidéoprojections diffusant des moments qu’il a partagés avec les enfants. Dans une approche biographique, le photographe fige la mémoire de cette famille : de personnes, ils ont acquis le statut de personnages.
Nous voyons Johny, le père, jouer à la PlayStation dans sa caravane, son combat contre la maladie, la notoriété et l’incarcération de Jonathan, les naissances d’Ana, Vanessa et Rocky (et ensuite des petits-enfants), la mort de ce dernier ainsi que les maintes fois où Johny va se recueillir sur sa tombe. Un conte familial qui s’étend sur plusieurs générations et qui débouche sur un album de famille à murs ouverts.
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“Les Gorgan”, exposition jusqu’au 24 septembre 2017 aux Rencontres d’Arles (Maison des peintres). Cette série a par ailleurs été publiée dans un beau livre paru aux éditions Xavier Barral.