Des images de Seydou Keïta, Malick Sidibé, Cornélius A. Augustt, Jean W. Depara et Philippe Koudjina exposées à la galerie Argentic.
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Jusqu’au 17 février 2019, la galerie Argentic expose des images de grands noms durablement installés dans le paysage de la photo de la seconde moitié du XXe siècle. Les œuvres présentées ont été prises au Niger, au Congo, au Mali et en Côte d’Ivoire, après leur indépendance.
Les vies nocturnes de Niamey, Kinshasa et Bamako
Né au Bénin, Philippe Koudjina arrive au Niger vers 20 ans et s’épanouit dans le bouillonnement que connaît la vie nocturne de Niamey dans les années 1960 et 1970. Il braque alors autant son appareil photo sur ses amis, les serveurs d’un bar du coin que sur la Callas et les autres vedettes étrangères qui viennent vivre l’excitation de la capitale nigérienne. Il fait partie de cette génération d’artistes qui a immortalisé “la période charnière des Indépendances africaines”, comme le précise le site Revue Noire. Cette volonté d’enfin représenter la vie du continent africain directement par ses habitants est clairement exprimée à travers le nom d’une de ses expositions présentée à la Maison européenne de la photographie, à Paris, en 1998 : “L’Afrique par elle-même”.
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Deux autres photographes de l’exposition se sont en partie fait connaître pour leurs représentations de festivités nocturnes. C’est le cas du Congolais Jean W. Depara, né en Angola en 1928. Devenu adulte, il part photographier les nuits de Kinshasa, connues pour leurs hautes festivités, particulièrement entre les années 1950 et 1970.
De son côté, Malick Sidibé honore dès le début des années 1960 la jeunesse malienne. À Bamako, il est connu de toutes les soirées et il sublime de ses monochromes les oiseaux nocturnes, leurs styles qui rivalisent d’élégance ainsi que leurs pas de danse venus d’un peu partout dans le monde. Aussi intéressé par l’effervescence post-indépendance de son pays que par les visages qui l’entourent (“Le visage de quelqu’un, c’est un monde”, aurait-il déclaré), il fait aussi poser des modèles en studio.
La tendance de la photo en studio
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Au XXe siècle, la photo devient rapidement un medium très prisé dans plusieurs pays d’Afrique. Et si l’on ne possède pas soi-même un appareil photo, il est facile d’aller se faire tirer le portrait chez un professionnel. Ainsi, des photographes se font un nom grâce à leurs images prises en studio. C’est le cas, entre autres, de Cornélius Yao Augustt Azaglo qui réalise des photos artisanales d’identité et ouvre son propre studio en 1958, au nord de la Côte d’Ivoire. C’est le regard de ses modèles, placés dos à un drap uni tendu, qui l’intéresse particulièrement.
Au Mali, Seydou Keïta photographie lui aussi ses concitoyens dans son studio, jusqu’à gagner une renommée internationale pour ses portraits sur fond de tissus à motifs. Comme Malick Sidibé, l’artiste capte l’unicité de chaque personne qui passe devant son objectif, leur proposant toujours d’agrémenter leur portrait avec des accessoires mis à leur disposition.
Si les photos en studio sont évidemment moins naturelles que celles prises dans la rue ou dans les discothèques, elles portent tout de même en elles une fonction sociale importante puisque la façon dont les gens décident de se mettre en scène sur un portrait durable est significative. Seydou Keïta a tant marqué la photographie du XXe siècle que l’exposition organisée à la galerie Argentik propose un atelier “Joue-la comme Keïta”, comme la Fondation Cartier l’avait fait au travers de sa rétrospective sur Malick Sidibé en 2018.
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Bien que le nom de l’exposition, “Le Studio africain” semble généraliser ce qu’ont offert les photographes du continent au siècle dernier, les images de Philippe Koudjina, Jean W. Depara, Malick Sidibé, Cornélius A. Augustt et Seydou Keïta sont la preuve de la très grande diversité des œuvres produites alors.
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“Le Studio africain” se tient à la galerie Argentic, à Paris, jusqu’au 16 février 2019.