5 choses à savoir sur l’artiste Marcelle Cahn, pionnière de l’art abstrait

Publié le par Pauline Allione,

© Marcelle Cahn/C. Cauvet/MAMC+ ; © Mathieu Bertola/Musées de la Ville de Strasbourg

Lumière sur l’œuvre et la vie de la célèbre peintre et pionnière de l’art abstrait, à travers cinq faits marquants.

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Réputée pour ses tableaux-reliefs et ses célèbres spatiaux, qui représentent l’aboutissement de son œuvre, Marcelle Cahn a donné vie, à travers ses œuvres, à un langage abstrait poétique et lyrique. Discrète tout au long de sa vie, la peintre strasbourgeoise est aujourd’hui au centre de l’exposition “Marcelle Cahn : en quête d’espace”, visible jusqu’au 5 mars 2023, au Musée d’art moderne et contemporain de la métropole de Saint-Étienne (MAMC+).

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L’événement revient chronologiquement sur l’œuvre prolifique d’une artiste sans cesse en quête d’expérimentation et sur les courants artistiques qui l’ont influencée. L’occasion de découvrir un peu plus Marcelle Cahn, à travers cinq faits essentiels à la compréhension de son parcours.

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Elle est sensibilisée à l’art dès son plus jeune âge

Née à Strasbourg en 1895, pendant la domination allemande, Marcelle Cahn est élevée par ses parents, des Alsaciens de confession juive. Issue d’une famille de banquiers, sa mère est pianiste et son père commerçant. Le couple transmet à leur fille sa curiosité, sa passion de l’art et son goût pour la musique.

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Marcelle Cahn, Les Trois Raquettes, 1926. Musée d’art et d’histoire, Cholet. (© Alexandre Production)

Enfant éveillée et instruite, Marcelle Cahn parle l’allemand comme le français, et apprend à jouer du piano, du violon, à dessiner et à peindre. Adolescente, elle songe à une carrière d’actrice, avant de se tourner vers la littérature et la philosophie, qu’elle étudie à l’université de Strasbourg.

Elle a commencé en dessinant des nus et des natures mortes

Après une enfance à Strasbourg, Marcelle Cahn, sa mère et son frère s’installent à Berlin en 1915, où ce dernier effectue son service militaire. Loin de l’abstraction, elle étudie alors à la Lewin-Funke-Kunstschule à Charlottenburg, avec Eugene Spiro et Lovis Corinth comme professeurs, respectivement spécialisés dans le portrait et le nu.

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De retour à Paris, Marcelle Cahn s’essaie aux dessins géométriques dans l’atelier d’Arraujo, et fait un bref passage à l’Académie Ranson, une école d’arts fondée par le peintre Paul-Élie Ranson. En 1923, elle se rend à l’université de Zurich pour étudier Kant et la philosophie. À Strasbourg ou à Paris, Marcelle Cahn continue de mener ses recherches artistiques. Au milieu des années 1920, la peintre expérimente le nu, la nature morte et le cubisme à l’Académie de la Grande Chaumière, et fréquente les milieux artistiques de son époque.

Marcelle Cahn, Nu berlinois, 1916, don de la galerie Denise René, MAMCS. (© Mathieu Bertola/Musées de la Ville de Strasbourg)

Elle est une pionnière de l’abstraction

Issue du mouvement puriste des années 1920, Marcelle Cahn est d’abord proche de l’expressionnisme et du cubisme avant de développer un langage abstrait pétri de lyrisme et de poésie tout au long de sa carrière. Son évolution artistique est ainsi à l’image de l’histoire de la peinture européenne de son siècle. La peintre laisse ensuite de côté le purisme, les paysages, les natures mortes et les nus de ses débuts pour tendre vers la peinture figurative.

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Poursuivant ses recherches, Marcelle Cahn bascule vers des dessins linéaires de plus en plus abstraits, qui lient poésie, lyrisme et musique. Elle s’engage dans un art géométrique plus marqué et rigoureux, lui permettant toutefois des variations multiples. “Quand je faisais mes peintures linéaires, le travail était très dur et j’avais besoin d’une détente : c’est comme cela qu’ils sont venus”, déclare-t-elle sur l’origine de ses dessins abstraits.

Marcelle Cahn, Shirley Goldfarb et Gregori Mazurowski, archives du MAMCS, fonds Marcelle Cahn. (© Mathieu Bertola/Musées de la Ville de Strasbourg)

Sa toile La Femme à la raquette (1927) marque ainsi un tournant dans sa pratique, car elle est à la croisée du figuratif et de l’abstrait. La peintre strasbourgeoise se consacre finalement au collage, qui lui offre un moyen d’expression plus libre.

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Son art a culminé dans le collage

C’est dans les années 1950 que Marcelle Cahn s’épanouit artistiquement. Dans cette dernière période artistique, la peintre développe une série de collages qui ont, pour elle, l’avantage de produire “un certain son que ne peut avoir une peinture”. L’artiste se consacre aux collages durant les 15 dernières années de sa vie et y intègre ensuite des photographies, de vieilles enveloppes et des cartes postales.

Sa pratique lui permet de développer une créativité productive et poétique, tout en jouant avec les ressources qui sont à sa disposition, puisque la peintre, alors en maison de repos, dispose également de moins de moyens matériels et financiers. Dans les années 1960, Cahn donne vie à des tableaux-reliefs et des spatiaux, toujours abstraits, qui constitueront le point culminant de sa pratique. En 1980, elle fait don d’un fonds d’archives privées comprenant pas moins de 200 collages au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg.

Marcelle Cahn, Sans titre, 1956, musée des Beaux-Arts de Rennes. (© MBA, Rennes, Dist.)

Elle a mené sa vie dans la plus grande discrétion

Marcelle Cahn s’exprime très peu sur sa vie privée, mais demeure également discrète dans le milieu artistique. Elle est ainsi restée dans l’ombre de ses contemporain·e·s, dont Fernand Léger, Ossip Zadkine, Amédée Ozenfant, ou encore Sophie Taeuber-Arp, Piet Mondrian et Hans Arp qu’elle fréquente à travers le groupe Cercle et Carré qui encourage le développement de l’art abstrait.

Si elle expose régulièrement à la Société des artistes indépendants à la fin des années 1920, puis ses œuvres abstraites à l’aube des années 1950 dans des galeries et au Salon des réalités nouvelles, Marcelle Cahn n’est que rarement exposée personnellement. Soutenue par ses pairs et autrice d’une œuvre monumentale comprenant plusieurs centaines de toiles, dessins et collages, la peintre se retire du monde de l’art à plusieurs reprises. Pendant la guerre, elle se réfugie notamment plusieurs années avec sa mère dans un monastère à Toulouse et ne renoue pas avec ses anciennes connaissances artistiques à son retour à la capitale.

Marcelle Cahn, Les Toits, collections MAMC+. (© C. Cauvet/MAMC+)

L’exposition “Marcelle Cahn : en quête d’espace” est à visiter jusqu’au 5 mars 2023 au MAMC+ de Saint-Étienne.

Konbini arts, partenaire du MAMC+.