Alors que ses images sont restées dans l’ombre de son vivant, les travaux photographiques de Masha Ivashintsova refont surface aujourd’hui et témoignent d’une Russie en pleine mutation.
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À la manière de Vivian Maier, nourrice américaine morte en 2009 à Chicago, dont l’œuvre photographique conséquente a été découverte après son décès, les images stupéfiantes de Masha Ivashintsova viennent tout juste de refaire surface. En effet, comme le relate Peta Pixel, c’est la fille de la photographe qui a récemment découvert son travail et qui tente aujourd’hui de le faire connaître. Sur le site Web consacré au fonds photographique de Masha Ivashintsova, elle raconte :
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“Bien sûr, je savais que ma mère prenait des photos depuis toujours. Ce qui était frappant, c’est qu’elle ne partageait jamais ses œuvres avec qui que ce soit, pas même sa famille. Elle a gardé ses films dans le grenier et les a rarement développés, ainsi personne n’a jamais pu apprécier les fruits de sa passion. Ces mêmes films sont restés dans le grenier de notre maison à Pouchkine, Saint-Pétersbourg.”
Ce n’est qu’après sa mort en 2000 qu’elle est en tombée sur les photos et négatifs alors qu’elle avait décidé d’aménager le grenier avec son mari. Elle a alors découvert plus de 30 000 images, prises en Russie entre 1960 et 1999. Si Masha Ivashintsova venait d’une famille d’aristocrates, tous les biens qu’ils possédaient – notamment de nombreux appartements luxueux de Saint-Pétersbourg – ont été saisis par les autorités après la révolution bolchevique. De ce fait, la photographe est devenue particulièrement engagée dans sa pratique de l’image mais aussi de la poésie :
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“Ma mère, Masha Ivashintsova, était fortement engagée dans le mouvement underground poétique et photographique de Leningrad des années 1960-1980. Elle était une amoureuse de trois génies de l’époque : le photographe Boris Smelov, le poète Viktor Krivouline et le linguiste Melvar Melkumyan, qui est aussi mon père.
Son amour pour ces trois hommes, qui ne pouvaient pas être plus différents, définissait sa vie, la consumait pleinement et la déchirait aussi. Elle croyait sincèrement qu’elle avait de quoi pâlir à côté d’eux et par conséquent n’a jamais montré ses travaux photographiques, ses journaux intimes et sa poésie à quiconque de son vivant.”
Aujourd’hui rendues publiques, les images de Masha Ivashintsova ont une importante valeur documentaire, puisqu’elles sont le témoin d’une Russie en pleine mutation, sur près de 40 ans. Des clichés en noir et blanc profonds, qui nous embarque à Leningrad.
Vous pouvez retrouver les images de Masha Ivashintsova sur Instagram et sur son site Internet.
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