Dans l’imaginaire collectif, l’art abstrait est encore souvent lié à des noms masculins : Vassily Kandinsky, Piet Mondrian ou Kazimir Malevitch par exemple. Ces dernières années, un processus d’éclaircissement concernant les figures ignorées de ce mouvement artistique a débuté et, comme c’est étrange, ce sont majoritairement des femmes qui ont été mises de côté des décennies durant.
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Si le nom d’Hilma af Klint a souvent été cité – et a fait l’objet de plusieurs expositions et ouvrages –, c’est désormais le tour de Maria Helena Vieira da Silva. Elle voit actuellement son travail honoré dans une exposition au musée des Beaux-Arts de Dijon. En l’honneur d’une artiste prolifique, à la croisée de la poésie et de l’architecture, voici trois choses à savoir sur cette peintre franco-portugaise qui a grandement participé à l’élaboration de notre art abstrait bien-aimé.
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Elle était passionnée par les squelettes
Maria Helena Vieira da Silva a commencé le dessin au début de son adolescence, suivant de ses 11 à 20 ans des études d’après nature et des classes plutôt académiques, où elle s’intéressa notamment à l’étude des squelettes. Dans une émission consacrée à son travail, réalisée par Aware Women Artist, on entend le débit lent si caractéristique de la peintre énoncer sa passion pour le dessin des os, du squelette humain “qui se ressent sûrement dans [ses] architectures urbaines et rurales”.
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Cette passion architecturale a façonné les constructions abstraites de Maria Helena Vieira da Silva. Née au Portugal, exilée à Rio de Janeiro pendant la Seconde Guerre mondiale et ayant vécu à Paris jusqu’à sa mort, l’artiste a voyagé à travers le monde et s’est inspirée de ses pérégrinations pour créer ses œuvres géométriques qui invitent son public à se perdre.
Elle considérait ses œuvres comme des labyrinthes de sérénité
Faites de perspectives, d’aplats et de kaléidoscopes, les œuvres abstraites de Maria Helena Vieira da Silva sont des labyrinthes – tel que l’exprime le nom de l’exposition de Dijon “L’œil du labyrinthe”. Attentive à la place laissée aux accidents, à l’indécision et aux “contradictions qui nous guettent”, l’artiste livrait des œuvres sous forme de points d’interrogation, des “bibliothèques” comme des “boîtes de Pandore” dans lesquelles découvrir “secrets et plaisirs”.
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Confiant qu’elle se sentait “bien entourée de livres”, “plus rassurée, tranquille”, elle espérait réveiller la même sérénité chez son public. Poète et esthète, elle affirmait aimer peindre “des lieux vus de très loin”.
Oubliée par l’Histoire, elle était pourtant célèbre de son vivant
Dès ses 40 ans, le travail de la peintre a été reconnu et célébré, un âge jeune pour l’époque et pour le genre de l’artiste puisque rares étaient les artistes femmes à accéder à la postérité de leur vivant. Elle est la première femme à avoir reçu le grand prix national des Arts du gouvernement français en 1966.
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“Elle était un peu comme une star, dans les années 1970 surtout. Elle était tellement populaire qu’elle ne pouvait pas se promener seule dans la rue”, rapporte à l’AFP Naïs Lefrançois, co-commissaire de l’exposition. Sa maîtrise de l’abstraction impressionne et elle est, pour l’époque, très présente dans les médias, précise Aware Women Artist. “Il semblerait qu’elle soit, jusqu’à la fin des années 1970, l’artiste femme la plus invitée à la radio.”
Dès les années 1950, elle expose dans le monde occidental. “Dans les années 1970, il y a quasiment une exposition d’elle par an en France, plus celles à l’étranger”, note l’autre co-commissaire de l’exposition Agnès Werly, auprès de l’AFP.
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“Pourtant, elle est aujourd’hui relativement tombée dans l’oubli”, souligne Naïs Lefrançois. Un oubli qui ne devrait pas perdurer grâce à cette exposition d’envergure organisée en son honneur, en espérant qu’elle en présage de nombreuses autres et remette en lumière davantage d’artistes oubliées qui ont participé aux grands mouvements artistiques.
L’exposition dédiée à Maria Helena Vieira da Silva “L’œil du labyrinthe” est visible au musée des Beaux-Arts de Dijon jusqu’au 4 avril 2023.