Mort au grand âge de 88 ans, en 1931, Giovanni Boldini a traversé les frontières géographiques et temporelles. De son Italie natale aux mondanités parisiennes, l’artiste s’est attaché à peindre l’atmosphère, les personnalités et les mutations propres à la Belle Époque. Pour en savoir plus sur ce peintre prolifique, retour en trois points sur sa longue carrière.
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C’était un sacré fêtard
Bon, on abuse peut-être un peu sur l’emploi du mot “fêtard”. On ne sait pas si Giovanni Boldini enchaînait les shots dans les bars, mais on sait que, né en 1842 en Italie, l’artiste a tout de même passé la majeure partie de sa vie à Paris, où il fréquentait les salons et lieux artistiques.
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Proche des artistes Sem, Paul Helleu et Edgar Degas, du marchand d’art Adolphe Goupil, du critique Diego Martelli et des mondain·e·s de la capitale, l’artiste italien profitait “des loisirs [qu’offrait] la capitale et [sortait] tous les soirs au théâtre, au restaurant en emportant toujours avec lui ses crayons”, rapporte le Petit Palais, qui présente actuellement une rétrospective en son honneur.
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Au tournant du XIXe siècle, l’arrivée de l’électricité donne un nouveau visage à la vie nocturne. Giovanni Boldini en profite pour raconter l’effervescence et la modernité de la vie parisienne ainsi que “les mouvements incessants de cette ville qui ne s’arrête jamais”. En plus de nombreux portraits, il réalise des scènes de vie quotidienne dans des restaurants, sur des terrasses de café ou dans des établissements tels que le célèbre Moulin rouge.
Il a connu le succès de son vivant
Sa faculté à peindre la société, l’effervescence de la Belle Époque et les grandes figures qui la traversent le rapproche, dans la bouche des critiques, de Marcel Proust. Passionné de mode, il travaille son trait jusqu’à “un style unique qui sera sa signature” : “Une touche rapide, une attention à la pose du modèle, une mise en valeur de la ligne serpentine des corps.”
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Ces représentations des silhouettes et des toilettes convainquent une clientèle “riche et internationale” de lui faire confiance, note le Petit Palais. L’artiste connaît le succès de son vivant et peint artistes, écrivain·e·s, aristocrates et bourgeois·es : “Dans ce Paris capitale de la mode, il n’a pas son pareil pour représenter princesses et riches héritières parées des plus belles robes.”
Entre les années 1880 et 1890, Giovanni Boldini reçoit une Médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris (pour son portrait de la Chilienne Emiliana Concha de Ossa), le prix de ses tableaux grimpe et il voyage outre-Atlantique, où il réalise le portrait de grandes figures de la société, telles que Cornelius Vanderbilt ou Gertrude Vanderbilt Whitney. En 1919, un peu plus de dix ans avant sa mort, il est décoré de la Légion d’honneur.
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Sa réputation était inconstante
À l’occasion de cette première rétrospective organisée sur le sol français depuis soixante-dix ans, le Petit Palais note que le peintre star fut cependant “victime de son succès” : “Trop exubérant pour les uns, trop mondain pour l’avant-garde, trop facile ou trop chic pour les autres : on lui a reproché de répéter la même formule et d’en tirer des avantages personnels et économiques, loin de l’image d’Épinal de l’artiste bohème.”
Passant des portraits aux paysages (urbains ou plus ruraux), il est l’auteur d’une impressionnante collection de toiles. Pas toujours appréciée de ses contemporain·e·s, son œuvre permet cependant à la société française de montrer une image “pacifiée, heureuse et harmonieuse, loin des souvenirs de la Commune”, une aubaine à ce moment de profondes mutations politiques et sociétales.
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L’exposition “Les Plaisirs et les Jours” consacrée à Giovanni Boldini est visible au Petit Palais à Paris jusqu’au 23 juillet 2022.