En octobre 2020, l’artiste performeuse Marina Abramović vendra pour la première fois aux enchères une œuvre de réalité mixte, c’est-à-dire une création qui intégrera au monde réel des éléments virtuels, des sortes d’hologrammes visibles grâce à des verres transparents (et non à travers un écran, comme c’est le cas pour la réalité augmentée).
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C’est la première fois qu’une œuvre artistique de réalité mixte de cette envergure voit le jour. Le projet, intitulé The Life, avait été présenté pour la première fois dans une galerie londonienne plus tôt cette année et, avant d’être mis aux enchères, il sera présenté à travers le monde aux collectionneur·se·s.
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The Life est une expérience de 19 minutes pendant laquelle le public, muni de lunettes, est témoin des va-et-vient de l’avatar de l’artiste. Selon le site Dazed, l’expérience “donne le tournis” et “force les spectateurs à questionner leur perception” de la réalité tellement “le corps numérique de Marina Abramović a l’air réel”.
L’installation a été créée grâce à 32 caméras du studio Tin Drum, qui a photographié le corps de la “grand-mère de la performance” sous tous les angles et en mouvement. Ces images ont pour objectif de faire ressentir la présence physique de l’artiste, comme si elle était véritablement dans la pièce.
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Rendre immortelle une présence
Dans une vidéo de présentation, Todd Eckert, le fondateur du studio, s’émeut en imaginant que des spectateur·rice·s pourront voir l’artiste serbe entrer dans une pièce n’importe quand, même des années après sa mort :
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“Quand on a enregistré la performance de Marina, on savait qu’on voulait la mettre en scène comme si elle était en train d’arriver et non comme un artefact du passé. On voulait profiter de quelque chose qui n’avait jamais été possible auparavant, c’est-à-dire la possibilité de véhiculer la vérité d’un être humain dans une pièce.”
Cet intérêt pour les interactions entre l’artiste et le public a toujours été un thème central des performances de Marina Abramović. En 1977, elle avait créé Imponderabilia, une performance durant laquelle elle et son compagnon de l’époque, Ulay, se tenaient nus, l’un en face de l’autre, et obligeaient le public à passer entre leurs deux corps. À l’occasion d’une rétrospective retraçant le demi-siècle de carrière de l’artiste, la Royal Academy of Arts de Londres a annoncé le recrutement de jeunes modèles pour recréer cette performance en 2020.
En 2010, elle montait au MoMa The Artist is Present, une installation qui, comme son nom l’indique, présentait l’artiste aux visiteur·se·s. Ce face-à-face avait attiré plus de 850 000 personnes en trois mois, un record inégalé pour le musée d’art moderne de New York, précise le site Christie’s.
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Une décennie plus tard, grâce aux avancées technologiques, Marina Abramović continue d’interroger la présence de l’artiste sans être physiquement présente. Amatrice de nouvelles technologies, elle présentait cet été, lors de la Biennale de Venise, un avatar d’elle-même enfermée dans une cage en verre se remplissant d’eau, afin de représenter visuellement la montée des eaux dans le monde.
Avec The Life (“La Vie” en français), elle interroge l’essence même de l’existence au XXIe siècle : que signifie exister, ou même être présent, lorsqu’on peut continuer à montrer son image aux autres des années après sa mort ? “Le fait que ce projet puisse être répété n’importe où dans le monde alors que je n’y suis pas est à couper le souffle. Je peux me trouver n’importe où sur la planète”, s’émerveille l’artiste.
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