40 ans après sa mort, des images d’archives du photographe ont été retrouvées et rassemblées dans un livre.
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En 1968, le photographe indo-kenyan Priya Ramrakha décédait sous le feu des armes de la guerre du Biafra, guerre civile du Nigeria qu’il documentait alors. Récemment, un de ses cousins, Shravan Vidyarthi, déjà à l’origine d’un documentaire sur le photographe et d’un fonds caritatif à son nom, a retrouvé une partie de ses négatifs ainsi que des tirages photos, des images familiales et des documents personnels tout à fait inédits, dans une cave à Nairobi.
Quarante ans après la mort prématurée de Priya Ramrakha, ces documents n’ont aucunement perdu de leur valeur, comme le prouve The Recovered Archive, premier ouvrage à se concentrer à ce point sur son œuvre. Publié aux éditions Kehrer, le livre est riche d’histoire, au pluriel et au singulier, sous forme visuelle mais aussi à travers des essais politiques et culturels.
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Ces photographies permettent également de s’intéresser à des moments cruciaux qu’a connus le continent africain entre les années 1950 et 1960, tout en soulignant bien la façon dont les conflits ayant ravagé ces pays ont aussi eu des conséquences à l’échelle internationale. De la même façon que l’Occident colonisait les terres, les photographes occidentaux colonisaient la prise d’images, et donc la transmission d’informations. Priya Ramrakha a été l’un des premiers photographes africains à voir ses images de l’Afrique être diffusées à travers le monde, comme le rappelait son cousin Shravan Vidyarthi au New York Times, en 2009 :
“Pendant des décennies, l’Afrique n’a été représentée qu’à travers l’objectif colonial de photojournalistes occidentaux. Priya a été l’un des premiers photographes à documenter l’Afrique – ses populations et ses histoires politiques – depuis une perspective africaine.”
Des images sensibles et politiques
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Le talent du jeune Priya avait rapidement tapé dans l’œil d’un photographe de Life Magazine, Eliot Elisofon, qui l’a d’abord convaincu de venir étudier la photo en Californie. Il arrive aux États-Unis au milieu des mouvements pour les droits civiques et, inspiré par cette quête de justice sociale, il en photographie les chefs de file, tels que Malcolm X ou Martin Luther King Junior.
En 1962, le photographe est de retour au Kenya et il décide de commencer à documenter les mouvements indépendantistes de plusieurs pays africains. Il devient témoin des horreurs de la guerre, de ses attaques, de ses emprisonnements arbitraires, mais aussi des bouleversements socioculturels connus par les populations qu’il photographiait. S’il braque son objectif sur le sang qui coulait, il s’intéresse aussi à la vie, aux petits moments du quotidien, qu’ils soient musicaux, familiaux ou amicaux.
Priya Ramrakha est mort jeune, il n’avait que 33 ans. 2018 marquait le quarantenaire de sa mort, une bonne occasion de célébrer son œuvre large et variée, en noir et blanc et en couleurs, le plus souvent documentaire et parfois commerciale, mais toujours synonyme d’indépendance, de liberté et de gloire au continent africain.
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The Recovered Archive de Priya Ramrakha est disponible aux éditions Kehrer.