Woodkid, est-il l’homme d’un seul morceau ?

Publié le par Sinh Blum,

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“Iron”, cette pépite musicale

Iron est un excellent morceau. Épique, dantesque, et très addictif. Une réussite qui prouve que la pop peut faire beaucoup avec une orchestration magistrale sans tomber dans la lourdeur. Le clip est du même niveau (il l’a réalisé lui-même) : il montre la mannequin Agyness Deyn courir dans un superbe univers en noir et blanc, très léché. C’est ce noir & blanc qui porte la signature Lemoine, un noir et blanc chiadé et soigné, qui évoque les plus grand réalisateurs, entre Hitchcock ou plus récemment Haneke, mais utilisé avec la liberté d’aujourd’hui (comprendre : en numérique).

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Pourtant, sur l’Iron EP, il n’y a guère qu’Iron pour exciter nos oreilles. Brooklyn tend vers la folk-song sensible et met en avant la voix particulière mais irréprochable de Woodkid. Mais à force de piano et de pleurnicheries, on tombe dans la pop facile et le morceau commence vite à évoquer U-Turn (Lili) d’aAron et devient indigeste. Baltimore Fireflies ne fait guère mieux, même si son orchestration rend la chose un peu plus originale. Quant à Wasteland, elle éveille notre intérêt mais ne développe pas grand chose. Pas une catastrophe, cet EP montre tristement qu’en dehors de ses instrus épiques, Woodkid reste un artiste loin d’être mauvais, mais à l’intérêt limité. L’enfant de bois, serait-il creux ?

2013 est pour lui l’année du premier album : il va devoir montrer qu’il peut développer son univers en un effort long-format. A grand renfort de teasing simple mais efficace il annonce le single (accompagné de quelques remixes), Run Boy Run pour fin mai 2012, et la Toile attend impatiemment la chose. Run Boy Run, parlons-en. Il répète la formule Woodkid qui marche : on souligne le côté épique avec une orchestration riche, on signe un clip en noir et blanc avec des gens qui courent et c’est, encore une fois, travaillé et super efficace.

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 “Run Boy Run”, toujours en noir

Attends, attends, deux secondes cher Woodkid.

Tu dis quoi ? Morceau épique ? Grand orchestre super impressionnant ? Clip teasé à mort et super cool ? Un gosse qui court ? En noir et blanc, tu dis ? Un univers avec des monstres et plein de trucs qui font peur ? Attends… Mais… Tu ne l’as pas déjà fait ce truc là ? Ah mais oui, c’est ça ! Tu nous fais Iron II – Le Retour, quoi ? Non mais n’essaie même pas de nier. Ok, c’est pas un problème, tu sais t’es pas non plus le premier à manquer d’originalité, comme ça, ni le dernier à nous réchauffer les restes pour capitaliser sur le succès.

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Iron, la surprise en moins puisqu’on connaît la chanson depuis deux ans, donc, on nous colle trois remixes dans les pattes. Un premier, signé SebastiAn, qui alourdit l’orchestration pour rendre le morceau encore plus efficace. Ca marche super bien (j’aime beaucoup) mais soyons honnêtes, on est loin d’un grand remix. Bon. Et le remix de Tepr, alors ? Ah, oui. Le remix de Tepr. Oh bah là aussi c’est efficace, avec plein de gros beats bien lourdingues, mais c’est plus tellement intéressant. Reste le remix d’Ostend, qui rend le tout atmosphérique et ô combien plus délicat.

La sortie de “I Love You”

Voilà, quelques mois ont passé depuis. Quelques mois durant lesquels les concerts se sont fait presque rares, mais où tu as investi le Grand Rex pour une Grande Messe. Quelques mois durant lesquels tu as manifestement passé un peu de temps en studio pour enregistrer ton album, dont tu as dévoilé le titre, The Golden Age, la pochette et la tracklist.
Mais surtout, lundi matin, sur France Inter, tu as levé le voile sur ton nouveau single : I Love You. Passons sur ce titre un peu niais car on a dit qu’on ne jugerait pas sur les apparences. Alors j’écoute ton morceau, je suis fébrile, je me dis : “Ça y est, il va réussir à se renouveler, créer un nouveau morceau, un hymne épique qui ne sera pas semblable aux précédents, quelque chose de novateur, il va aller là où on ne l’attend pas… Sinon, pourquoi aurait-il passé autant de temps en studio ?”. Mes attentes sont posées, le player est chargé. Je clique sur PLAY.
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Et merde. C’est probablement le pire morceau que tu aies jamais sorti, en fait. Je le réalise très vite. Tu reprends exactement les mêmes orchestrations que dans tes deux tubes précédents, avec ta voix d’homme sensible, comme dans tes autres morceaux. Je n’ai même pas l’impression d’écouter une nouvelle chanson. La vérité, c’est que tu as dû faire un patchwork des chutes de l’enregistrement de ton EP. Le 4 février, tu vas dévoiler le clip du morceau, et il sera probablement au ralenti et en noir et blanc. Un jour, tu comprendras qu’il y a une différence entre cohérence et répétition.
Alors, quoi ? Woodkid restera-t-il à jamais l’homme d’une seule chanson, Iron, qu’on continuera d’applaudir à tout jamais ? Va-t-il à construire sa carrière sur ce seul morceau ? L’album qui entourera Run Boy Run, réussira-t-il à créer une surprise, bien nécéssaire ? En attendant, l’affaire marche plutôt bien : les (rares) dates de Woodkid se remplissent vite et le succès est incontestable. Mais un matin, le monde risque de se réveiller et de réaliser l’arnaque.
Méfie-toi, à force de jouer avec le feu, l’enfant de bois va s’enflammer.
Article initialement publié sur Across The Days et écrit par Sinh Blum, actualisé le 30 janvier 2013.

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