La Women’s March du 21 janvier 2017 restera dans l’Histoire. Plus qu’une marche, cet événement, considéré comme le jour zéro d’une lutte pour les droits des femmes face à Donald Trump, était un véritable appel à l’activisme.
Publicité
Le début d’une lutte où les femmes vont devoir s’investir localement
Avant que la marche ne se mette en route en début d’après-midi, l’événement a d’abord commencé par un défilé d’oratrices et orateurs. De nombreux discours, tous plus inspirants et motivants les uns que les autres, ont été prononcés sur la scène principale et retransmis sur des dizaines d’écrans géants installés dans Washington. Si l’on a pu entendre des artistes de renommée internationale, de nombreux et nombreuses activistes moins connu.es et pourtant très investi.es dans la lutte pour les droits des femmes aux États-Unis ont donné des discours aussi forts que ceux de Madonna, Amy Schumer, Michael Moore ou Gloria Steinem.
Publicité
Les messages qu’ils et elles ont transmis à la foule se rejoignent tous : cette initiative n’est que le début de la lutte contre la misogynie de Donald Trump et des membres de son gouvernement. Mais surtout, toutes et tous ont appelé les femmes et les hommes présents à s’investir localement. “Ou alors toute cette marche n’aura servi à rien. Marchez aujourd’hui mais ne rentrez pas chez vous pour remettre au placard votre manteau d’activiste ! Investissez-vous localement !”, a ainsi scandé Bob Bland, coorganisatrice de l’événement. Michael Moore a même directement délivré une “to do list” de choses concrètes à faire dès le lendemain.
La “to do list” des choses concrètes à faire dès le lendemain
Alors concrètement, qu’est-ce qui a été demandé aux Américaines ?
Publicité
- Tout d’abord, apprendre un numéro par cœur. Celui du Congrès américain, afin d’entrer en relation avec un représentant de leur État, voire le sénateur ou la sénatrice, et lui dire ce qui compte pour elles. Tout cela dans le but de faire entendre concrètement la voix du peuple. À l’heure actuelle, d’après Michael Moore, qui suit l’initiative de très près, la plupart des messagerie des sénateurs et sénatrices de chaque État sont saturées. Les Américaines semblent avoir accepté leur nouvelle mission.
- Envoyer une carte postale. Il s’agit là d’une initiative des organisatrices de la Women’s March. Massivement distribuées à l’issue de la marche, ces cartes sont aussi disponibles sur le site de la manifestation, via une page créée juste après l’évènement qui liste toutes les démarches à faire pour poursuivre le combat.
- Participer aux midterm elections, les élections de mi-mandat en novembre 2018. Destiné à renouveler la Chambre des représentants et le Sénat, cet événement politique pèsera sur le président et ses décisions à venir. Bon nombres des oratrices et orateurs ont ainsi appelé citoyens et citoyennes à s’impliquer le plus possible dans ces élections qui ont traditionnellement un taux de participation bien inférieur celui de la présidentielle, déjà bas cette année.
“Je vais vraiment m’investir”
Pendant la marche, nous avons donc demandé aux marcheuses si elles avaient pris en compte ces demandes. Voici leur réponse.
Publicité
“Je suis là aujourd’hui pour défendre les droits sexuels et reproductifs, mais aussi les droits des gens à mobilité réduite. Mais, surtout, je suis là pour marcher pour celles qui ne le peuvent pas. Mon activisme a même pris un nouveau tournant parce que j’ai récemment décidé d’être candidate du conseil municipal de ma ville !”
“Après tout ce que j’ai entendu aujourd’hui, je suis motivée pour continuer cette lutte chez moi à Oakland. Je vais m’investir à fond dans le Parti démocrate pour les élections de mi-mandat de 2018.”
Publicité
“Je suis là pour montrer aux hommes du monde entier de quoi les femmes sont capables ! Je me suis déjà beaucoup investie dans la campagne d’Hillary Clinton et du Parti démocrate en appelant les gens de mon État à voter pour elle. À partir de maintenant, je mobiliserai encore plus, surtout mon sénateur !”
Tess et sa petite sœur Pearl ont passé deux heures à crier des slogans à la foule.
Chloe explique :
Publicité
“Ma famille à voté pour Trump, mon combat à moi commence déjà là. Essayer de parler posément avec eux pour les convaincre sera ma première mission. Mais surtout je vais m’inscrire à Planned Parenthood [l’équivalent du Planning familial, ndlr]. Jusqu’à présent, je ne faisais que les soutenir mais concrètement je ne faisais rien, ça va changer.”
Ariana poursuit :
“Je suis à moitié iranienne, mes parents ont fui la révolution en 1989. j’étais en Iran pour la ‘révolution verte’ et je suis restée là-bas plusieurs mois pour donner des cours d’anglais dans un foyer pour femmes. J’ai fait tout ça pour l’un de mes pays, je vais faire pareil pour mon autre pays. Comme Chloe, je vais faire du concret, pour Planned Parenthood, mais je vais aussi essayer de monter quelque chose au sein de mon université.”
La Women’s March est non seulement une réussite du point de vue de la mobilisation, mais aussi en termes d’implication pour l’avenir du pays. À l’heure où Donald Trump a d’ores et déjà signé un décret interdisant le financement d’ONG internationales soutenant et informant sur l’avortement, cette nouvelle vague de militantisme sera nécessaire pour protéger les droits sexuels et reproductifs des femmes.