Et si la plus grande contribution de Joe Cocker à la musique s’était incarnée dans le hip-hop ? Revue de samples de son morceau “Woman To Woman”.
Ce lundi 22 décembre, Joe Cocker est mort d’un cancer du poumon. Âgé de 70 ans, il laisse derrière lui une carrière forte d’un demi-siècle d’albums, de collaborations, de festivals, sous le nom de Mad Dogs and Englishmen à la fin des années 60 (à qui les Anglais de Late of The Pier ont rendu hommage avec un morceau du même nom), avec marijuana ou non, option Woodstock en Europe, chantant devant George W. Bush ou participant même au film Across The Universe.
Mais si la principale influence du bluesman avait été au carrefour des années 80 et 90 ? Vous savez, cette fameuse période qui a vu l’émergence du rap avec l’explosion de groupes américains comme Public Enemy ou Run DMC. Sans le savoir, Joe Cocker a laissé une empreinte loin d’être négligeable dans ce sillon culturel. Petit retour en 1972 : à l’époque, Joe Cocker et Chris Stainton, avec Nigel Thomas à la production, bossent sur de nouveaux titres. “Woman To Woman” en fait partie, et sera un extrait de l’album Joe Cocker. La chanson va vite devenir un classique funk.
Publicité
De 2Pac à Quasimoto, un sample reconnu
15 ans plus tard, les Ultramagnetic MC’s samplent un bout du piano de bar ainsi que les cuivres. Coup de génie. Le titre s’appelle tout simplement “Funky” et permet au crew originaire du Bronx d’atterir avec fracas sur la scène hip-hop. Les ondes de “Woman to Woman” leur porteront chance, utilisées pour le single de leur premier album Critical Beatdown, considéré aujourd’hui comme un opus incontournable.
Au cours des années suivantes, le hip-hop ne chôme pas : le morceau de Joe Cocker va connaître de nombreuses reprises. On croise les Nice & Smooth (“Harmonyze”), Wreckx-N-Effect avec, en 1992, un certain Pharrell Williams à la production (“New Jack Swing II”) ou encore le très doux “Astro Black” de Quasimoto en 2000.
Sur WhoSampled, on recense près de 22 occurrences de “Woman to Woman”, entre Prefuse 73, PMD, The Hight & Mighty, Frank T, Strugglin Souls, Queen Mother Rage ou encore King Giddra. Une des meilleures reprises du sample revient au légendaire compositeur new yorkais de house Kenny Dope :
Mais la chanson ultime, celle qui a fait connaître ce sample au grand public, n’est autre qu’un énorme tube qui convie deux géants du hip-hop américain. On est en 1995. À ma gauche, 2pac, 25 ans, qui vient tout juste de sortir de prison. À ma droite, Dr. Dre, producteur, qui apparaît également en featuring.
Joe Cocker est donc à l’origine de “California Love”, le hit qui a permis de faire entrer 2Pac dans le mainstream :
Elu 41ème meilleure chanson de tous les temps par le magazine Rolling Stone, ce morceau n’a ironiquement jamais figuré sur un album studio du rappeur californien. Sa version originale n’est disponible que sur la compilation Greatest Hits – l’album All Eyez on Me (1996) n’en offrant qu’une version remixée.
Publicité