Warm Up : sean, le rappeur aux multiples facettes qui va faire son trou en 2020

Publié le par raphaelmuckensturm,

Dans Warm Up, on réalise un focus sur des artistes dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les mois à venir.

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Plutôt méconnu du grand public, sean connaît en revanche le rap depuis un bon bout de temps. Le vingtenaire a enregistré son premier titre quand il était en 6e, et n’a jamais cessé depuis de faire de la musique. Certains connaisseurs l’ont peut-être déjà entendu avec son EP Mercutio, sorti en juillet 2019. Six titres homogènes et empreints d’un spleen planant.

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Mais si on pensait le jeune rappeur parisien bloqué dans un univers mélancolique, on est plus que surpris quant à ses futurs projets, qui promettent d’élargir sa palette tout en conservant ce qui fait son ADN : sa voix envoûtante et son sens du détail, qui en font un des artistes les plus méticuleux de sa génération.

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Son dernier clip, “Paralysé”, est sorti aujourd’hui. Une occasion pour lui de s’essayer à de nouveaux formats visuels (dont il partage la réalisation avec Julie Molinié), mais aussi d’arriver avec une proposition musicale quelque peu enrichie. Cet extrait est en tout cas plus que prometteur pour celui qui pourrait se placer comme une nouvelle figure montante du rap pour l’année qui vient.

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Konbini | Qui es-tu ?

Sean | Je suis sean, je viens du XXe arrondissement de Paris. J’y ai grandi, et maintenant je vis à Montreuil. J’ai 21 ans.

Pourquoi ce nom ?

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C’est mon deuxième prénom, tout simplement.

Tes premiers pas dans la musique ?

C’était au collège, avec un de mes meilleurs gars qui est maintenant mon manager. On a commencé à écrire des textes et tout… On rappait à l’époque. J’ai enregistré mon premier son en 6e.

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Enregistré carrément ?

Ouais. En gros, j’avais une guitare. J’en faisais beaucoup. Donc j’ai fait toute une prod à la guitare, et j’ai fait le rythme avec le bureau. J’ai sorti le morceau sur SoundCloud à l’époque, déjà sous le nom de sean.

Comment tu as été découvert ?

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À la base, j’avais sorti un clip qui s’appelle “Wappen”. Produit entièrement par mes gars, et par moi notamment. J’avais réalisé et monté le clip tout seul. Et il y a un gars de label qui m’a envoyé un message sur Instagram bien après. Je suis allé le voir et il m’a fait enregistrer Mercutio. Aujourd’hui, je suis chez Nice Prod, un label indépendant, et ça se passe bien.

Tu as un côté très technicien. Tu fais de la prod aussi ?

Vu qu’il n’y avait personne pour le faire, je le faisais parce que j’étais déter. Donc ouais, je touche un peu à tout, mais je ne peux pas dire que je suis vraiment technique dans tout.

Mais c’est important de connaître un petit peu…

Ouais, grave. Même pour savoir en parler. Même quand je suis en montage d’un clip, je peux dire des trucs. Ou quand je suis en studio, comme maintenant, je peux m’enregistrer tout seul. Il y a plein de choses pour lesquelles je n’avais même pas le champ lexical. Pour dire : “Enlève le glitch, là”, des trucs comme ça. Maintenant, je peux mieux me faire comprendre. Je trouve ça archi important.

Moi, je suis là de A à Z dans le processus créatif d’un son. Il y a beaucoup d’artistes qui ne viennent pas au mix, qui ne viennent pas au mastering… Moi, je suis toujours là, frère. Je suis relou, genre les ingés qui mixent mes trucs, je suis relou avec eux. Mais c’est pour le bien de tout le monde.

L’image et les clips sont des trucs que tu ne veux pas lâcher du tout ?

Non, pas du tout, c’est 50/50. Vu que j’ai commencé par des clips avec une identité assez forte, il faut que je continue dans cette voie-là. Peut-être pas forcément dans le même univers, mais en tout cas continuer à avoir une identité forte. Et faire de mieux en mieux, choquer de plus en plus. Concept par concept.

Tout est réfléchi, et ce qui est lourd, c’est que vu qu’en France il n’y a pas énormément de propositions dans l’image, les gars chauds sont grave curieux. Je ne dis pas que demain je vais faire un clip avec Romain Gavras, mais je te jure que les gens sont curieux. Parce que tu proposes. Il faut juste avoir les couilles de proposer, les réalisateurs en sont friands.

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Comment tu décrirais ton univers artistique ?

Varié. Éclectique.

Ce qui est à venir est éclectique aussi ?

Fort, fort, fort. Il y a de tout. L’univers, tu le retrouves plus dans le traitement de la voix que dans ce qu’il y a derrière, dans la prod. En gros, je peux être accompagné par un jour un orchestre symphonique, puis après par un groupe de reggae. Ou par un gars juste avec sa machine.

Mon univers se retrouve vraiment dans le travail de la voix. Mais je peux aller sur tout niveau musique. Je peux faire des tubes de pop… En tout cas, j’ai envie de tout. J’essaie de tout. Je fais des trucs un peu mainstream, d’autres beaucoup moins, des trucs vraiment trap, des trucs reggaeton, du baile funk… Je teste tout frère, j’ai même fait des sons reggae.

Travailler avec des groupes en acoustique, ça te ferait kiffer ?

Fort. De ouf. Même pour des prods, faire enregistrer des vrais musiciens, c’est important.

C’est ce qu’on verra dans tes projets futurs ?

Ouais, grave.

Selon toi, quels sont tes axes de progression ?

Tout, frère. Musicalement, dans l’image, moi personnellement dans mon comportement avec les gens, ma sociabilité.

Le poids grandissant de la communication dans l’industrie musicale, c’est quelque chose que tu subis ou qui te plaît ?

Ça me plaît trop. Autant que la musique. Je bosse autant les deux. Je kiffe regarder un beau clip. Même aller chercher des formats originaux, qui ont peut-être jamais été faits, ou alors très peu de fois… Ou ramener des anciens formats au goût du jour. Je suis tout le temps en train de regarder des images, d’essayer de trouver des petites idées un peu folles… Pour choquer.

C’est important de choquer pour toi ?

Ouais. Mais pas choquer dans le mauvais sens genre “je baise la France comme Hitler dans les années 1940”. Plutôt comme Billie Eilish, où tu comprends que son dernier clip est la suite du précédent où les piques dans le dos se transforment en ailes. Ça, c’est choquer les gens pour moi. Ou même faire un clip qu’avec des archives, ça peut vraiment choquer. C’est simple, mais personne ne le fait.

Même comment tu distribues ta musique. Genre dans les freestyles Instagram, il y a plein de formats à aller chercher, qui peuvent très bien marcher, autre que le freestyle classique dans le studio où tu es avec tes gars. Il y a plein de trucs à aller chapeauter. Des trucs moins beaufs que ce qui se fait aujourd’hui.

Parce que tu trouves que c’est mainstream et beauf ce qui se fait aujourd’hui ?

Je ne trouve même pas ça mainstream. Je ne comprends vraiment pas. Le “1minute2rap”, je ne comprends pas.

Tu peux nous parler un peu de tes futurs projets ?

Ça va être beaucoup plus varié. Beaucoup plus solaire. On va essayer de toujours garder une imagerie assez forte. Il y a beaucoup de nouveaux producteurs, tout en gardant mes gars, ma famille. Et voilà. Là, j’ai plusieurs singles qui vont sortir avant qu’on annonce un projet dont le premier extrait paraîtra en 2020. On commence à être prêts.

Tu as envie de t’essayer un peu à tout. Tu ne crains pas de perdre la cohérence de ton identité, très compacte jusqu’ici ?

Je me suis posé tellement de fois ces questions. Je pensais à me retrancher soit sur mon côté “sad boy”, soit sur mon côté un peu plus street, soit le délire un peu “variété”. Mais je crois que mon parti pris et ma force, et ça, je l’ai compris il n’y a pas longtemps, sont justement cette diversité. À chaque fois, on ne sait pas ce que je vais sortir.

J’ai envie que mon public se prenne chaque truc et me suive sur chaque univers. Que j’arrive à lui faire kiffer des musiques différentes. Genre : “Putain je n’aime pas le reggae”, qu’il écoute mon son et dise : “Ah ouais, en fait, c’est trop lourd.” Et qu’il écoute du reggae par la suite. Je pense que c’est ma force, même niveau image, de varier les contenus. De faire un clip archi street puis un autre complètement différent.

Qu’est-ce qu’on va retrouver de commun entre ces différents univers ?

Je dirais que c’est moi, le point commun. Je suis au milieu de tout ça. Je suis un hybride. Et je pense qu’il y en a beaucoup aujourd’hui en France. J’ai connu pleins de trucs différents, et c’est pour ça que je fais aussi plein de trucs différents.

Il paraît que tu n’as pas envie de rester dans la musique toute ta vie…

Pas qu’en tant qu’artiste en tout cas. Ce n’est pas que la musique est restreignante, j’ai juste envie de m’essayer à autre chose, pas de faire de l’art toute ma vie. Je suis un bon vivant, j’ai envie de faire pleins de trucs, voyager par exemple. J’ai envie d’avoir 1 000 vies… Peut-être que je ferai tout en même temps, peut-être sous un autre blaze. Un jour, tu regarderas un film d’un mec, tu ne sauras pas que c’est moi. Ce serait trop frais.