Un nouvel atlas révèle l’ampleur de la pollution lumineuse, particulièrement en Occident, où la Voie lactée est désormais difficilement perceptible. Un véritable danger.
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Non, la pollution lumineuse n’est pas uniquement un dommage collatéral de l’industrialisation de nos sociétés, uniquement préjudiciable pour les astronomes amateurs et les adeptes de la méditation nocturne. Selon une version mise à jour de l’Atlas mondial de la pollution lumineuse, publiée le 10 juin dans Science Advances, 60 % des Européens et 80 % des Américains ne peuvent plus voir la Voie lactée à l’œil nu. À l’échelle mondiale, un tiers du globe n’est plus en mesure de distinguer les étoiles de notre galaxie. La faute à un éclairage artificiel trop important, surtout dans les zones urbaines, qui vient peindre une désagréable lueur orangée sur le plafond céleste. Esthétiquement, c’est déjà dégueulasse, mais pire encore, c’est dangereux pour la santé.
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Car sur l’atlas, qui attribue des couleurs à chaque niveau de pollution lumineuse, les centres-villes des mégalopoles, New York et ses néons éternels en tête, ne voient pour ainsi dire jamais la couleur du ciel nocturne. À Times Square, par exemple, difficile de compter plus d’une douzaine d’étoiles par temps clair. Selon le rapport qui accompagne l’atlas, la ville la plus lumineuse au monde est Singapour, “où la population entière vit sous un ciel si lumineux que l’œil ne s’adapte que partiellement à la tombée de la nuit”. Problème : la physiologie humaine est basée sur l’alternance jour/nuit, dont le principal effet visible est la diminution de la lumière.
Plus de LED, plus de lueur, plus de risques
Le cycle de sommeil humain, appelé cycle circadien, est endogène, ce qui signifie qu’il est fourni tel quel à la naissance et qu‘il est extrêmement difficile, voire dangereux, d’essayer de le modifier (et, non, être barman en club ne suffit pas). Ce cycle extrêmement précis, qui régule les niveaux d’hormones, la température du corps, l’activité cérébrale et tout un ensemble de fonctions physiologiques, s’appuie sur les variations de lumière, qui sont autant d’alarmes pour notre corps. Si, comme l’explique un article de ScienceAlert, le rayonnement lumineux artificiel est probablement trop faible pour avoir un impact durable sur nos cycles de sommeil, les sources lumineuses en elles-mêmes (lampadaires, néons, panneaux publicitaires, vitrines de magasins) sont largement suffisantes pour nous affecter.
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Les effets néfastes de la lumière artificielle commencent à peine à être étudiés mais, déjà, certaines corrélations émergent. Des études ont montré que la lumière bleutée des écrans perturbe la sécrétion de mélatonine, l’hormone qui prépare notre corps au sommeil, alors même que l’équipement lumineux des villes modernes se compose de plus en plus d’éclairages à LED situés dans les mêmes fréquences lumineuses. Enfin, de plus en plus de recherches consolident le lien entre troubles du sommeil, diabète et même augmentation des risques de cancers du sein et de la prostate. Pour 60 % des Européens, la mélasse orange qui fait office de ciel représente donc potentiellement bien plus qu’une nuisance esthétique.