Une “vision” et un “projet” plutôt qu’un programme : Emmanuel Macron, candidat du parti “En Marche !”, préfère le lexique managérial à la communication politique.
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À un peu moins de cent jours de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron est toujours une énigme pour les observateurs de la campagne. Le candidat d’En Marche !, que d’aucuns qualifient de “météore” politique, répète à qui veut l’entendre que l’heure est à la transmutation des vieux ingrédients idéologiques de gauche et de droite, que le programme politique n’a plus vraiment d’importance et qu’aujourd’hui, seule compte la “vision”. Résultat : personne ne sait clairement où il va, mais ça marche – les derniers sondages l’envoient danser avec Marine le Pen au deuxième tour avec 21 % d’intentions de vote. Pour Mediapart, le youtubeur Usul a tenté de décrypter les éléments de langage du petit Mozart de la finance, avec son habituelle sagacité.
En cinq minutes, Usul offre donc une analyse limpide de la stratégie du candidat à la présidentielle : puisque les Français en ont marre d’entendre des politiciens parler politique, Macron s’appuie sur les codes de l’entreprise et propose de “gérer la France comme on gère une boîte privée”, en se posant comme un leader du privé. Quitte à déballer les mots-valises de la culture start-up pour masquer l’absence de propositions concrètes, qui parleront non pas à l’ensemble de la population, comme conclut Usul, mais seulement à une certaine frange : les cadres, professions libérales, entrepreneurs et patrons d’entreprises, de la TPE à la multinationale. Elle est là, la “société civile” que Macron et son mouvement veulent mettre en ordre de marche, dans ce qu’on appelle communément les “CSP+”, le haut du panier socio-professionnel français qui se pâme devant le pragmatisme d’un candidat toujours dénué de programme. Avec Emmanuel Macron, la novlangue managériale remplace le charabia de campagne. Pour la clarté, en revanche, on repassera.
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