La vidéo Novae du Français Thomas Vanz pioche dans les classiques du film spatial pour recréer une supernova avec de l’eau et de la peinture. Majestueux.
À l’échelle de l’univers, la supernova est une sorte de feu d’artifice du 14 juillet. Imaginez une étoile géante, d’au moins 10 fois la taille de notre Soleil. Si une étoile “brille” et émet de la chaleur, c’est en consumant du combustible nucléaire, selon un processus de fusion thermonucléaire. Lorsqu’elle arrive au bout de ses réserves de combustible, l’étoile cesse d’émettre des radiations et n’a donc plus rien pour contrebalancer l’extraordinaire force gravitationnelle qu’elle génère. Elle s’effondre sur elle-même à une vitesse vertigineuse, libérant au passage une formidable quantité d’énergie qui éjecte les couches externes en une cataclysmique éclaboussure de matière en fusion.
Lors de son explosion, une supernova peut briller plus intensément qu’une galaxie toute entière, composée de centaines de milliards d’étoiles. La puissance de l’explosion est inimaginable pour nos pauvres esprits macroscopiques. Une fois l’explosion dissipée, il ne reste plus, à la place du cœur de l’étoile, qu’une étoile à neutron, voire un trou noir. En janvier 2016, un télescope chilien observait la plus importante supernova de l’histoire de l’astronomie : 600 milliards de fois plus brillante que notre Soleil, ou 20 fois plus brillante que toute la Voie lactée. Eut-elle eu lieu aux environs de Pluton, nous ne serions plus là pour en parler.
Dans la courte vidéo Novae, sélectionnée dans le Vimeo Staff Picks, le réalisateur français Thomas Vanz s’ingénie à illustrer la puissance dévastatrice de la supernova en s’aidant d’une technique singulière : plutôt que de recourir massivement à des effets spéciaux numériques comme le matte painting, Thomas Vanz troque le budget contre l’inventivité et joue avec de l’encre, de la lumière et un aquarium. Le résultat évoque à la fois l’hallucinogène séquence interstellaire de Kubrick dans 2001 et les cascades spatio-temporelles de Gargantua offertes par Christopher Nolan et Kip Thorne dans Interstellar.
Avec (un peu) moins d’exactitude que Nolan, certes, mais en y ajoutant la beauté presque mystique du ballet satiné de l’encre, Thomaz Vanz nous emmène là où aucun œil humain n’a jamais été. La balade spatiale est ébouriffante. Si vous vous demandez comment parvenir à ce résultat, Thomas Vanz a mis en ligne deux making of (ici, et là) qui résument ses six mois de travail, plan par plan. Pour fabriquer une galaxie, par exemple, essaimez des gouttes d’encre sur une feuille blanche, scannez la feuille et inversez les couleurs. Mention spéciale pour la créativité.
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