Des étudiantes en école de commerce ont testé la foule afin de dénoncer les clichés autour du viol en France.
C’est une question qui fait, malheureusement, encore débat en 2016. En mars dernier, Ipsos publiait un sondage sur le viol, révélant des idées reçues au sein de l’opinion publique, absolument effarantes. Quarante pour cent des sondés confirmaient qu’une attitude provocante en public “atténuait” le viol quand 27 % pensaient qu’une tenue sexy responsabilisait, en partie, la victime. Des chiffres, tout bonnement aberrants, qu’ont utilisés neuf étudiantes lyonnaises en école de commerce pour un projet d’étude.
Elles ont réalisé une vidéo pour dénoncer les mentalités et ces résultats. Leur promotion a passé quelque temps à Dijon afin de finaliser un exercice qui consistait à les “confronter à l’entreprenariat.” Interrogée par Rue 89, Marine Le Bars, membre du projet, raconte :
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“On avait deux jours pour faire quelque chose qui allait toucher le plus de personnes possible. Il fallait que les gens en parlent en rentrant chez eux.”
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Six jeunes filles du groupe d’étude se sont arrêtées dans les rues de Dijon, écriteaux en mains, toutes en tenues différentes et plus ou moins dénudées. Deux d’entre elles portent des jupes courtes, l’une arbore une brassière, les autres sont en jeans et vêtues d’une veste. Sur les panneaux, deux questions : “Ma façon de m’habiller mérite t-elle de me faire agresser ?” et “Laquelle de ces femmes trouvez-vous la plus provocante ?”. Les passants sont invités à répondre en collant un Post-It sur la fille de leur choix.
La seule et unique réponse à ces deux interrogations devrait être non. Quelle que soit sa tenue, aucune femme ne mérite de se faire harceler, toucher, agresser ou violer. Pourtant, ce n’est pas l’avis de certains piétons, ou plutôt d’une majorité, car très vite, la jeune étudiante la plus dévêtue, se retrouve couverte de Post-It.
Dans le fond de la vidéo, on entend des réactions à cette expérience. Des filles jugent sévèrement : “C’est pas de sa faute, mais d’un autre côté, elle provoque !” Une maman émet une réserve : “Elles ne méritent pas [de se faire agresser], mais je n’aimerais pas que ma fille s’habille comme les deux jeunes filles en jupe.” D’autres réagissent d’une toute autre façon, ouf ! :
“Moi j’ai pris un Post-It mais je ne vais le coller sur aucune de vos camarades, parce que je trouve qu’aucune n’est provocante”.
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L’agresseur est toujours responsable
On constate beaucoup de contradictions dans les propos de plusieurs personnes interrogées. Selon elles, personne ne mérite d’être violé, ni d’être agressé mais… il faut avouer que porter une tenue provocante, c’est chercher les problèmes. Ce postulat est dangereux car il insinue qu’une femme doit prendre garde à éviter toute attitude et tout accoutrement considérés comme aguicheurs, et qui, par la suite, peuvent venir légitimer un viol.
Beaucoup se confortent dans l’idée qu’une jupe courte, ou un décolleté, est une invitation ; qu’une femme qui s’habille de la sorte “ne veut que ça.” Dans les cas d’agression sexuelle et de viol, une telle pensée contribue à la perpétuation d’un crime encore trop souvent laissé impuni (seuls 2 % des viols sont condamnés aux assises selon deux enquêtes datant de 2000 et 2006) et ce, pour de multiples raisons : le sentiment de culpabilité de la victime, la honte qui l’empêche d’en parler autour d’elle et la déresponsabilisation de l’agresseur. Rappelons que celui-ci est 100 % responsable de son acte, en cas de viol ou d’agression.