En France, la culture du viol est encore bel et bien ancrée dans la tête de certains citoyens et citoyennes. Avec l’association Mémoire traumatique et victimologie, l’institut de sondages français Ipsos a réalisé une enquête entre le 25 novembre et le 2 décembre 2015 sur le viol et la façon dont il est perçu par la population. Publiés ce mercredi 2 mars, les chiffres n’ont rien de très rassurant.
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Pour commencer, les personnes ont été interrogées au sujet des différences entre la sexualité des femmes et celle des hommes. Et on se rend compte qu’une majorité adhère à de gros stéréotypes : 76 % sont d’avis que certains évènement sont perçus comme violents par une femme mais pas un homme, 66 % sont persuadés que la sexualité d’une femme est plus compliquée et qu’apparemment les hommes ne savent pas contrôler leur désirs (63 % des sondés se sont dits d’accord avec cette affirmation).
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Une grande partie a encore la conviction que les femmes ont besoin d’être amoureuses pour avoir des relations sexuelles et qu’elle sont moins rationnelles que les hommes. Ces idées peuvent mener à d’immenses et sérieux malentendus sur la sexualité des femmes.
Les auteurs de l’étude craignent des “effets dévastateurs” comme “considérer que les femmes sont incapables de décider pour elles-mêmes et ont besoin des hommes pour comprendre quels sont leurs vrais désirs”. Pour eux, “c’est leur dénier la faculté de décider de consentir ou non à un rapport sexuel”. On n’a pas encore abordé le viol que les problèmes commencent déjà.
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La responsabilité du violeur atténuée
Une fraction de sondés ne parvient pas à cerner la limite entre tentative et acte de viol : “Plus d’un Français sur deux considère ce qui relève d’une agression sexuelle comme un viol” mais “plus d’un quart ne reconnaît pas comme une agression sexuelle celles qui en sont vraiment.” Selon le Code pénal, toute pénétration, quelle qu’elle soit, est un viol, pas une agression sexuelle. Ces constats confirment l’existence du manque d’information sur le viol et amènent les auteurs à se poser la question sur la responsabilité des victimes et de leur violeurs.
Selon les résultats de l’enquête, outre le fait que “céder” à son agresseur vient disqualifier l’acte de viol dans l’esprit de certains, le comportement et la tenue vestimentaire de la victime peuvent avoir une part de responsabilité dans l’agression selon une partie des Français. Heureusement, il ne s’agit pas de la majorité.
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Mais quand 40 % confient qu’une attitude provocante en public atténue le viol ou responsabilise en partie la victime, il y a de quoi s’inquiéter. 27 % affirment qu’une tenue sexy dans la rue (jupe ou décolleté) peut justifier le crime, et pour 38 %, une femme qui flirte avec un homme sans vouloir de relations sexuelles est en partie coupable de son viol.
L’idée selon laquelle les gens pensent qu’une victime se fait violer le plus souvent dans un endroits neutres et par un inconnu semble perdurer malgré les études réalisées sur le sujet. En 2015, le gouvernement s’est penché sur la question et a révélé qu’en France, et dans 90% des cas, le violeur est connu de la victime.
Au final, le tableau semble plus que sombre. Pourtant, difficile de nier une évolution positive des mentalités. L’Ipsos et les auteurs de l’étude reconnaissent une grosse prise de conscience des Français sur le tabou que représente le viol bien que des mythes et des stéréotypes persistent.
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