Front national : les hommes de l’ombre”, c’est le titre du reportage diffusé jeudi 16 mars dans l’émission Envoyé spécial de France 2. Réalisé par Marine Turchi et Mathias Destal (deux journalistes qui connaissent bien les coulisses du Front national pour avoir écrit ensemble le livre Marine est au courant de tout…), ce documentaire donne la parole à des hommes et des femmes anciennement affiliés au Front national (FN), qui témoignent parfois à visage découvert, parfois anonymement. En dehors des affaires dans lesquelles le FN est actuellement englué, ils pointent tous des dérives au sein du parti de Marine Le Pen.
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Commençons par Aymeric Chauprade. Considéré comme l’ancienne “éminence grise” de Marine Le Pen, cet ex-conseiller sur les questions internationales a claqué la porte du FN en novembre 2015. Dans ce reportage, il énonce l’une des principales raisons qui ont motivé son départ du parti : la présence d’un “clan” de fidèles de la première heure de Marine Le Pen, qui connaît la présidente du FN depuis sa jeunesse.
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Ce groupe est constitué de Frédéric Châtillon (“homme-clé du dispositif financier du FN” selon Le Monde), d’Axel Loustau (trésorier du microparti “Jeanne”, créé par des proches de Marine Le Pen) et de Philippe Péninque (ancien avocat fiscaliste, également proche de Jérôme Cahuzac, selon Le Point). Tous sont d’anciens membres du Groupe union défense (GUD), syndicat étudiant d’extrême droite, pro-nazi, dont Châtillon a longtemps été le président. “Marine Le Pen n’est pas libre, elle est tenue par ces gens, affirme Aymeric Chaparde. Si elle arrive au pouvoir, ces gens seront le pouvoir.” Il lance un avertissement : “Il faut que les Français soient conscients […] qu’ils vont peut-être demain mettre dans l’urne un bulletin de vote pour une personne qui n’est pas libre, qui se dit libre et qui ne l’est pas.”
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Pour appuyer ses propos, l’ancien conseiller de Marine Le Pen évoque les blagues antisémites récurrentes racontées par les membres de ce groupe, qu’il ne veut pas répéter face caméra “par respect vis-à-vis de nos compatriotes juifs”, des “soirées nazies-pyjama rayé” et des liens intimes de ce “clan” avec l’essayiste d’extrême droite Alain Soral.
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Et Aymeric Chauprade n’est pas le seul à dépeindre cette atmosphère nauséabonde qui régnerait toujours au sein du parti en apparence “dédiabolisé” de Marine Le Pen. Un ancien sympathisant FN, proche du fameux groupe d’ex-membres du GUD, témoigne lui aussi au cours du reportage, et raconte ce qu’il aurait vu et entendu lorsqu’il fréquentait ces membres du Front national.
Ce témoin, ex proche des membres du GUD #FN, les accuse d'être nostalgiques du nazisme #EnvoyeSpecial pic.twitter.com/NmsXqdYib4
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) 16 mars 2017
Dans le documentaire, il est aussi question du fameux microparti Jeanne qui sera jugé, avec neuf autres personnes (physiques ou morales) pour des faits présumés d’escroquerie, de financement illégal de campagnes électorales, de recel d’abus de biens sociaux ou encore de faux et usages de faux. L’affaire porte sur les élections présidentielle et législatives de 2012.
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Car comme le rappelle Le Parisien, après avoir été investis par le parti, les candidats FN n’avaient pas d’autre choix que de se munir d’un kit de campagne (affiches, tracts…) attribué “clés en main” par l’association Jeanne. Ce kit était élaboré par un prestataire unique, la société Riwal, dirigée par… Frédéric Châtillon. Il était également financé par un prêt accordé par Jeanne.
Mais tous les candidats FN n’auraient pas signé l’offre de prêt de bon cœur, comme l’explique Clotilde Font. Cette ancienne élue municipale à Perpignan, candidate FN aux départementales de 2015 avait en effet refusé l’offre de prêt Jeanne à 6,5 %. Qu’à cela ne tienne : quelqu’un aurait signé l’offre de prêt à sa place, en imitant sa signature. Elle a depuis quitté le groupe des élus FN/Rassemblement Bleu Marine (RBM) du conseil municipal de Perpignan.
Clotilde Font a refusé le prêt obligatoire Jeanne à 6,5 %. Pourtant, le document lui est revenu avec sa signature usurpée #FN @EnvoyeSpecial pic.twitter.com/yfOdj46LJa
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) 16 mars 2017
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Le reportage d’Envoyé spécial est à voir dans son intégralité ici.