“L’étau se resserre sur Trump”, titre aujourd’hui le Washington Post. Le 21 août, le président américain a dû faire face aux condamnations de deux piliers de sa campagne de 2016 ; l’un d’entre eux implique directement Donald Trump dans une activité illégale.
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Une journaliste de la Maison-Blanche parle du “massacre de 16 heures”. Premier acte du carnage, le plaidoyer de Michael Cohen devant un tribunal bondé de Manhattan. Celui qui fut l’avocat personnel de Donald Trump pendant une décennie jusqu’au début de son mandat, qui se disait “prêt à prendre une balle” pour le président américain et qui aimait se comparer au conseiller mafieux du Parrain, a plaidé coupable pour huit chefs d’accusation.
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280 000 dollars pour le silence des maîtresses, Donald Trump parle d’invention
Six relèvent de la fraude fiscale et bancaire, deux se rapportent à une violation des règles de financement des campagnes lorsqu’il s’activait à la victoire de Donald Trump. Michael Cohen a en effet avoué sous serment avoir versé 130 000 et 150 000 dollars à deux femmes, la playmate Karen McDougal et l’actrice porno Stormy Daniels, afin qu’elles taisent leur liaison passée avec Donald Trump. Selon l’accusé, les versements ont été effectués “en coordination” et “à la demande” de celui qui était encore candidat, “avec l’intention d’influencer l’élection”.
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Cette déclaration a fait l’effet d’une bombe, car elle implique directement le président américain dans une violation des règles de financement des campagnes électorales, analyse le Washington Post, cité par France Culture. Ces transactions, en plus d’être supérieures au montant maximum des donations, ont été dissimulées aux électeurs.
Pour l’ancien sénateur Larry Noble, cité par USA Today, c’est une première pour un président en poste, depuis que les règles modernes de financement ont été établies. Selon Le Figaro, c’est aussi la première fois qu’un proche de Donald Trump l’implique dans une activité illégale. Or “Si ces versements constituent un crime pour Michael Cohen, pourquoi ne constitueraient-ils pas un crime pour Donald Trump ?”, s’est interrogé l’avocat de l’accusé dans un communiqué.
Sur Twitter, le président des États-Unis accuse Michael Cohen d’avoir “inventé des histoires” pour obtenir un accord avec la justice. La peine de ce dernier sera déterminée le 12 décembre prochain, et sera sûrement inférieure aux 65 ans de prison théoriques.
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L’ex-directeur de campagne condamné
À quelques minutes, et plusieurs centaines kilomètres de là, Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Donald Trump, affrontait le tribunal fédéral d’Alexandrie, près de Washington. Son procès a ouvert le bal des inculpations menées par Robert Mueller pour ingérence russe présumée pendant la campagne présidentielle de 2016.
Ce dernier avait quitté l’équipe de campagne Donald Trump en août 2016, deux jours après que le New York Times a révélé qu’il a touché plusieurs millions de dollars d’un parti pro-russe. Il avait ensuite été rattrapé par la justice en octobre 2017.
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Le 21 août 2018, le jury l’a reconnu coupable de 10 chefs d’accusation sur 18 pour fraude fiscale et bancaire. Il risque 80 années d’emprisonnement, mais là encore, la peine requise devrait être amoindrie.
En déplacement en Virginie-Occidentale le même jour, Donald Trump a exprimé sa tristesse pour cet “homme bon” et nié que cette condamnation puisse confirmer une quelconque collusion entre ses équipes et celles du Kremlin. Il a répété sur Twitter son affection pour Paul Manafort qui, “à la différence de Michael Cohen, n’a pas craqué.”
Un tournant ?
“Je crois qu’on a jamais vu un jour similaire depuis la fin de la présidence de Nixon”, s’est exprimé le maire de New York, Bill de Blasio, qui prévoit d’ores et déjà la chute “d’autres dominos”.
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“C’est le début de la fin pour Donald Trump”, a de son côté assené Omarosa Manigault-Newman, coriace adversaire du président américain, devant les caméras de MSNBC. En France, Mediapart invite à davantage de prudence : ce n’est pas la première fois que la présidence Trump traverse une vague de polémiques et de raffut.
Comble du hasard de l’agenda, un des premiers soutiens de Donald Trump, alors dans la course à la Maison-Blanche, a été inculpé le 21 août. Duncan Hunter, membre du Congrès sous l’obédience républicaine, est accusé d’avoir détourné avec sa femme plus de 250 000 dollars de fonds de campagne pour leurs loisirs personnels. Ils seront entendus devant le tribunal fédéral de San Diego le 23 août.