Ça y est, les nominations pour les Oscars sont tombées. Une édition 2020 particulièrement attendue tant l’année 2019 a été belle et riche en termes de cinéma. Si les mêmes grands films s’imposent aux Golden Globes et aux Oscars, les deux cérémonies semblent également reproduire les mêmes erreurs, avec encore et toujours un manque de parité et de diversité.
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Les cas de Netflix et Marvel
Comme l’an dernier, la plateforme Netflix est une nouvelle fois très bien représentée aux Oscars et cumule au total vingt-quatre nominations pour The Irishman et Marriage Story, tous deux nommés dans des catégories de premier plan comme Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleure actrice et Meilleur acteur. Si ces productions avaient également dominé les nominations des Golden Globes il y a un mois et s’annonçaient grandes gagnantes de la compétition, Netflix avait finalement vu lui échapper de nombreux prix.
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Les Oscars de 2019 avaient récompensé Marvel en décernant trois statuettes à Black Panther, pour les Meilleurs costumes, la Meilleure musique originale et les Meilleurs décors. Cette année, la Maison des Idées misait beaucoup sur Avengers : Endgame pour représenter Marvel à la cérémonie et de nombreux fans avaient également milité pour voir Robert Downey Jr. figurer sur la liste des nommés. Mais l’heure est aux désillusions puisque Marvel écope d’une seule petite nomination dans une catégorie technique pour les Meilleurs effets spéciaux.
Les Golden Globes sont souvent qualifiés d’antichambre des Oscars, et si l’expression ne se vérifie pas toujours, la liste des nommés est en revanche souvent très similaire. Si Marriage Story dominait les Golden Globes avec six nominations et que Joker s’impose comme le grand favori des Oscars avec onze nominations, dont Meilleur film, Meilleur acteur et Meilleur réalisateur, 2019 ne fait pourtant pas exception à la règle. La liste des nommés dans la catégorie Meilleur·e réalisateur·trice est par exemple totalement identique à celle des Golden Globes avec Bong Joon-ho, Todd Phillips, Sam Mendes, Martin Scorsese et Quentin Tarantino.
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Hégémonie masculine
Après les Golden Globes, toujours aucune femme ne figure dans la prestigieuse liste du côté des Oscars. Si Greta Gerwig et son casting sont (très justement) représentés dans d’autres catégories, comme Meilleur film, Meilleure actrice pour Saoirse Ronan ou Meilleure actrice dans un second rôle pour l’excellente Florence Pugh, Hustles de Lorene Scafaria ou The Farewell de Lulu Wang brillent par leur absence. En omettant Jennifer Lopez ou Awkwafina, l’Académie a une nouvelle fois loupé le coche côté parité et diversité.
Les Oscars se sont donc engouffrés dans la même brèche masculine, avec une surreprésentation des hommes derrière la caméra mais aussi devant, au travers des sujets qu’ils ont choisi de traiter dans leur film. Sur les cinq réalisateurs nommés dans la catégorie Meilleur·e réalisateur·trice, trois font la part belle à des figures masculines viriles et héroïques : Sam Mendes et ses courageux soldats britanniques, Martin Scorsese et son portrait du crime organisé dans l’Amérique de l’après-guerre vue au travers des souvenirs d’un ancien tueur à gages, et Quentin Tarantino et sa fresque hollywoodienne au travers du destin d’une star de télévision et de sa doublure de longue date. Si Bong Joon-ho et Todd Phillips ont choisi de mettre en avant des figures masculines différentes, elles dominent également dans leur film.
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Le constat est similaire dans la catégorie Meilleur film avec une nouvelle mention de tous les films précédemment cités auxquels vient s’ajouter Le Mans 66, qui met en scène deux pilotes de course rivaux. Seul Les Filles du docteur March, avec son casting quasi 100 % féminin, tente de faire pencher cette balance bien masculine du côté de la diversité.
Dans son discours d’ouverture au vitriol lors des Golden Globes, Ricky Gervais avait tapé sur le tout-Hollywood en pointant notamment du doigt le manque de diversité des nominations. “Mais on ne peut rien y faire, la Hollywood Foreign Press est très très raciste”, avait dénoncé l’humoriste. Pour la deuxième année consécutive, la cérémonie d’ouverture des Oscars 2020 n’aura pas d’hôte, aucun discours d’ouverture décapant n’étant donc à prévoir. Cependant, le constat sous-jacent risque d’être malheureusement le même.
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En 2016, l’Académie avait été rattrapée par la polémique #OscarsSoWhite en faisant figurer uniquement des acteurs blancs dans sa liste. Le mécontentement grandissant s’était alors fédéré derrière le hashtag #OscarsSoWhite, qui était rapidement devenu viral et relayé par de nombreuses personnalités de l’industrie. Mais la leçon n’a visiblement pas été retenue. Si, l’an dernier, l’Académie avait tenté de noyer le poisson en décernant trois statuettes à Black Panther (uniquement dans des catégories techniques), cette année, de nouveau, une seule personne de couleur figure parmi les nommés : Cynthia Erivo, dans la catégorie Meilleure actrice pour son rôle dans Harriet.
Seuls Les Misérables de Ladj Ly, en lice pour l’Oscar du Meilleur film étranger, ainsi que Parasite de Bong Joon-ho, nommé dans quatre catégories, viennent injecter un peu de diversité dans cette sélection si peu inclusive.