Charlottesville, ville étudiante de l’État de Virginie située dans l’est des États-Unis, a vu resurgir le week-end dernier d’horribles fantômes racistes qu’elle aurait bien voulu laisser définitivement au cimetière… Samedi 12 août, des centaines de néonazis et de suprémacistes blancs, dont plusieurs se revendiquaient du Ku Klux Klan, ont fait irruption dans cette ville qui n’avait rien demandé.
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Avec un maire juif et un chef de la police noir, cette bourgade, connue pour être progressiste et majoritairement démocrate, se serait en effet bien passé du sang et des larmes qu’elle a vu couler… Car samedi 12 août, le rassemblement de centaines de manifestants racistes a, comme on pouvait s’y attendre, dégénéré.
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Les manifestants d’extrême droite avaient décidé de se rassembler à Charlottesville pour dénoncer le déboulonnage d’une statue controversée, qui trônait au sein d’Emancipation Park, au cœur de la ville. Cette sculpture est celle du général Robert Lee, chef des armées confédérées pendant la guerre de Sécession, fervent partisan de l’esclavage et personnage aujourd’hui iconique des mouvements d’extrême droite américains. En février dernier, après près d’un an et demi de débats, le déboulonnage de la statue avait été voté démocratiquement par le conseil municipal. Mais le résultat de cette décision n’a pas plu aux suprémacistes blancs, qui ont décidé qu’il en serait autrement… Après être déjà venus en petit groupe devant la statue le 8 juillet dernier, ils ont cette fois décidé de frapper fort pour empêcher que la sculpture de leur général bien-aimé soit retirée.
Aux commentateurs et à leurs pudeurs de gazelle, appelez un chat un chat: c'était un rassemblement néo-nazi à #Charlottesville ! pic.twitter.com/d2jRe9WG2d
— Julien Poix (@JulienPoix) 13 août 2017
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Trois morts et une trentaine de blessés
Quelques heures avant une soirée de rassemblement effrayante – où des torches, des croix gammées et des drapeaux confédérés furent brandis par des centaines de manifestants racistes qui scandaient “You will not replace us” (“Vous ne nous remplacerez pas”) et “White lives matter” (“Les vies des Blancs comptent”) –, des violences ont éclaté. En effet, en réponse à ce rassemblement, des antiracistes avaient décidé de faire face aux néonazis, afin de leur montrer que leur ville (et plus largement les États-Unis) ne partageait pas leurs idées, comme le montre cette vidéo du Guardian.
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Lors des altercations qui ont duré tout le week-end, Heather Heyer, une manifestante antiraciste de 32 ans, a été mortellement percutée par une voiture conduite par un suprémaciste blanc. En quelques heures, la jeune femme est devenue le symbole d’une Amérique qui lutte sans relâche contre le racisme. Deux policiers chargés de surveiller les manifestations depuis les airs, sont morts dans le crash accidentel de leur hélicoptère. Une trentaine de blessés est également à déplorer.
Video of car hitting anti-racist protestors. Let there be no confusion: this was deliberate terrorism. My prayers with victims. Stay home. pic.twitter.com/MUOZs71Pf4
— Brennan Gilmore (@brennanmgilmore) 12 août 2017
Elle s'appelait Heather Heyer. Elle a été tuée par un militant de l'extrême droite. Tristesse & colère #Charlottesville #nopasaran pic.twitter.com/3AaROeVxp1
— Eric Ferreres (@EricFerreres) 13 août 2017
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Après ces violents incidents, beaucoup ont critiqué la réaction tardive (et considérée comme déplacée par certains) du président américain Donald Trump qui, comme l’explique Le Figaro, “a d’abord condamné les violences de Charlottesville, sans se prononcer sur la responsabilité de l’un ou l’autre des camps, suscitant de fait une controverse”. Pour rectifier le tir, dimanche, le porte-parole de la Maison-Blanche a indiqué ceci :
“Le président a dit avec force hier qu’il condamnait toutes les formes de violence, de sectarisme et de haine. Cela inclut, bien sûr, les suprémacistes blancs, le KKK, les néonazis et tous les groupes extrémistes.”
Donald Trump, qui compte plusieurs représentants de l’extrême droite dans son équipe – et dont la candidature pendant la dernière élection présidentielle avait reçu le soutien de l’ancien leader du Ku Klux Klan (David Duke, qui était d’ailleurs présent à Charlottesville) –, continue ainsi à être accusé d’indulgence envers les néonazis.
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