De la rencontre éphémère à la relation sérieuse, du plan cul au grand amour, Tinder permet tout type d’expérience. Témoignages d’utilisateurs, alors que le documentaire Love Me Tinder vient d’être diffusé sur France 4.
L’application mobile créée en 2012 met en relation ses utilisateurs. Une attirance mutuelle entre deux profils provoque un “match”. La suite, quelques échanges sur le réseau social qui aboutissent ou non à une réelle rencontre.
Dix millions de “matches” par jour, deux milliards en tout depuis le lancement de l’application en 2012. Et même si aucun chiffre sur son nombre d’utilisateurs n’est communiqué, Tinder nous montre qu’il devient un grand des applis de rencontre.
Et le réseau social inspiré de Grindr – même concept, pour les homosexuels masculins – continue de se développer. Avec sa nouvelle version, l’application mobile permettra à ses utilisateurs d’échanger des photos éphémères avec leur “flirt”, disponibles pendant vingt-quatre heures maximum, façon Snapchat. Mais ils ne pourront utiliser ces “moments” qu’avec leurs “matches”.
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Mode d’emploi
“Ça fait quatre mois qu’on est ensemble, amoureux, présentation aux parents… donc du sérieux !”
Arnault, 26 ans, Toulouse. Animateur dans une école primaire et dans un centre de loisirs, il a carrément rencontré le grand amour sur Tinder. Un type de cas qui reste relativement rare, même si on en voit de plus en plus.
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Je me suis mis sur Tinder début janvier 2014 pour rencontrer des filles, mais surtout pour le délire des “matches” et de dire oui ou next ! J’ai rencontré trois filles avec qui je suis allé boire un verre, mais rien de plus car je ne les ai pas jugées intéressantes.
Début février j’ai eu un “match” avec une fille habitant dans un village pas très loin de chez moi. J’ai parlé avec elle pendant trois semaines. On s’est ensuite rencontrés et là, gros coup de cœur des deux côtés.
Ça fait quatre mois que l’on est ensemble, amoureux, voyage en Espagne le week-end dernier, présentation aux parents… donc du sérieux ! Même si à la base de part et d’autre on ne pensait pas “trouver quelqu’un” sur cette appli.
“C’est la boucherie ou le supermarché selon si la viande est fraîche ou faisandée”
Étudiant en journalisme, Benoît vient de se mettre à Tinder. Il raconte ses débuts, avec un avis très tranché sur l’application.
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Un de mes amis utilisait l’appli, et j’avais lu un article là-dessus aussi. C’est pas mal pour passer le temps dans le métro. Bon, c’est un truc de chien, c’est la boucherie ou le supermarché selon si la viande est fraîche ou faisandée.
Après, par rapport à ma façon de liker, je fais attention. Les filles doivent recevoir 500 notifications par jour de mecs affamés. Au bout d’un moment ça doit être saoulant.
Après, je ne l’utilise pas pour un plan cul. On ne sait jamais, en plus de la distraction, s’il peut y avoir une rencontre sympa au bout… Mais je dois avouer que le principe est choquant au début.
“Salut, on perd notre temps et on parle, ou on va direct chez toi ?”
Tinder et Gaëlle, étudiante de 20 ans en psychologie, ce n’est pas une grande histoire d’amour… pour le moment.
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J’ai utilisé cette application au début pour voir, et en fait je me suis aperçue que ça faisait passer le temps, ça n’engage à rien. Donc c’est plutôt marrant. Je n’y cherche vraiment rien de spécial. On sait jamais c’est sûr, mais je ne crois pas trop au virtuel : j’y vais juste quand je m’ennuie.
Pour l’instant, Tinder ne m’a rien apporté, à part des anecdotes marrantes à raconter entre copines… Certaines phrases d’approche sont très subtiles, comme par exemple : “Salut, on perd notre temps et on parle, ou on va direct chez toi ?”
“Je suis déjà tombé sur le frère jumeau d’un ex”
Florian, 23 ans, homosexuel. Il utilise l’application pour rencontrer des hommes qui peuvent devenir soit ses amis, soit d’éventuels “sex friends”.
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J’ai commencé à utiliser ce genre d’application (Grinder, Hornet, etc) après mon année vécue à Buenos Aires et à mon retour sur Toulouse. Disons que j’y voyais là un moyen plus simple pour rencontrer un garçon. J’ai téléchargé Tinder d’abord par curiosité. C’est une application assez drôle, qui permet de jouer avec tous les visages qui défilent.
Je le prends plus comme un jeu avec des avantages que comme un moyen efficace de rencontrer quelqu’un. Mais attention, je ne dis pas qu’on ne peut pas rencontrer quelqu’un, car ça arrive forcément. Au final, on peut autant s’y faire des “amis” que des “sex friends”, même si je n’ai jamais été jusqu’au plan cul direct : je préfère d’abord discuter autour d’un verre.
C’est un moyen très pratique pour savoir si tel ou tel mec est bi ou gay. Je suis par exemple déjà tombé sur le frère jumeau d’un ex. C’était un peu étrange, mais je n’ai pas cherché à discuter.
“Tu suces ?” – “Pas aussi bien que toi apparemment.”
Elle vient de Bretagne, et réside à Bordeaux pour ses études. Pauline a rencontré son ex sur Tinder. Récemment, elle a supprimé l’application, pour des raisons spécifiques à ce type de réseau social.
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J’ai rencontré un ex sur Tinder, avec qui je suis restée quelques mois, c’est la seule expérience plaisante que j’ai eue. Après, je me suis juste inscrite deux jours dernièrement, je me suis vite supprimée parce que les “tu suces ?”, ça va deux secondes.
Si on cherche une relation stable, c’est pas l’endroit, mais on tombe parfois sur de bonnes surprises… Ah et parfois quand ils me disent “tu suces ?”, je leur fait des blagues du genre : “pas aussi bien que toi apparemment”, mais ils n’apprécient pas trop !
“C’est possible d’y croiser des gens que l’on a déjà fréquentés”
Pendant ses révisions pour le bac, il arrive à Lola, 18 ans, de traîner sur Tinder. Et elle aussi se retrouve confrontée à des propositions “pas très catholiques”. Même si elle le prend avec du second degré.
L’appli ne m’a rien apporté de vraiment concret, mis à part les “Ça baise ou pas ?”, “Plan cul ?”, ou autres demandes très distinguées et délicates de rendez-vous agités. On ne va pas se mentir, notre ego est complément satisfait par certains compliments !
On peut aussi dire que c’est un moyen de se “tester”, je ne pars pas à la chasse aux “matches”, mais c’est toujours cool de voir qu’on plaît aux personnes qu’on a “likés”. Apparemment je suis assez compatible avec les beaux barbus !
Je préfère utiliser ce réseau social plutôt qu’un autre car il est simple et gratuit. C’est possible d’y croiser des gens que l’on a déjà fréquentés, et de les “matcher”. Ça m’est déjà arrivé, c’est plutôt marrant, voire gênant, du genre : “Oh, comment on se retrouve !” Sinon, on m’a déjà envoyé des photos pas très catholiques… On est en 2014, tous les moyens sont bons pour aguicher n’est-ce-pas ?
“Il m’a abordée en me parlant de chats façon psy”
Clémentine préfère Tinder aux autres réseaux comme Adopte un mec, même s’il lui arrive d’y faire des rencontres assez spéciales.
Je ne cherche ni l’amour ni le plan cul. J’ai été poussée à utiliser l’appli par pure curiosité. Mais je me suis vite prise au jeu de passer les profils en revue et de lire les phrases sympas des gens et des amis en commun.
Finalement je me suis retrouvée à parler à des gens intéressants de plein d’horizons, j’ai même accepté de prendre un verre avec un des garçons rencontrés. Sinon, rien de fou à raconter, si ce n’est les différentes photos de pénis sur lesquelles j’ai pu tomber, ou encore ce mec qui m’a abordée en me parlant de chats à la façon d’un psychologue.
Je trouve qu’avec son design épuré et son concept, l’application est moins glauque qu’un Adopte un mec qui est stigmatisé par les plans culs. Mais c’est possible que je sois très naïve sur les motivations des gens sur Tinder !
“J’ai parlé longtemps à un gars avant de me rendre compte que c’était mon voisin.”
Méryl, Cannoise de 21 ans, vient de finir ses études. Elle s’est mise à utiliser Tinder par curiosité, et pour y rencontrer de nouveaux garçons.
Je voulais rencontrer un nouveau mec, avec qui je m’entends bien, avec qui je rigole, qui n’habite pas trop loin pour peut-être le rencontrer en vrai et, si ça passe bien, pourquoi pas devenir un “plan cul” – je ne crois pas trop aux relations qui commencent sur Internet.
Et l’appli m’a apporté plein de rencontres. J’ai par exemple découvert un groupe de musique que j’ai pu aller voir en concert. Ça m’a aussi permis d’améliorer mon anglais car je parle avec beaucoup d’étrangers. J’ai aussi retrouvé un vieil ami dessus, on a bien rigolé de se retrouver là ! Et j’ai aussi parlé longtemps à un gars avant de me rendre compte que c’était mon voisin.
“On peut se faire bloquer au moindre faux pas.”
Nicolas, auteur parisien de 23 ans, a essuyé plusieurs échecs sur Tinder, avant de vivre une expérience inattendue.
J’ai eu une expérience mitigée avec Tinder, où je suis resté trois semaines. Trois semaines à comprendre la difficulté du jeu : on peut se faire bloquer au moindre faux pas. Or on voit que de nombreuses filles ont une liste d’amorces rédhibitoires : il suffit de commencer la conversation du mauvais pied et elle disparaît (ce qui est moins vrai dans la réalité). C’est parfois un peu déprimant.
En revanche, Tinder ne me pose aucun problème d’ordre moral. Pour moi, si certains trouvent que ça manque de romanesque, c’est parce que Tinder n’apparaît pas dans les romans. En quoi le réel serait plus noble ? Est-ce plus noble de draguer Sandrine de la compta à la machine à café ?
Je suis finalement sorti avec une fille étrangère que j’ai rencontrée sur Tinder, et que rien ne m’aurait poussé à rencontrer dans la vie réelle – en quoi Tinder est aussi un agent qui contribue à mélanger. On est resté ensemble deux mois. Au début, le côté arbitraire, hasardeux de notre rencontre me chagrinait. Et finalement, je m’y suis fait, parce que les rencontres dans la vie réelle ne sont pas moins le fruit du hasard.