K – Avant de nous dévoiler tes secrets, c’est cool de programmer une radio ?
Oui c’est la première fois que je m’occupe de choisir toute la musique d’une radio qui émet en continu, c’est un exercice extrêmement enrichissant pour moi, ça contrebalance mon coté DJ qui va sélectionner des morceaux pour le dancefloor, avec un nouveau côté “curator” qui va plutôt choisir des morceaux à écouter chez soi. Je le fais avec énormément de sérieux.
K – Dénicher puis sélectionner des bons morceaux, c’est en quelque sorte ton métier, est-ce que tu rencontres quand bien même des difficultés dans cet exercice ? C’est quoi le plus difficile quand tu prépares un playlist ?
Les difficultés et les limites, c’est moi-même qui me les fixe. J’essaye de faire en sorte de rester dans le thème quand il y en a un, par exemple sur mes playlists de Halloween ou de Noël, tout en évitant de saouler les gens avec six chants de Noël à la suite. C’est important de faire une sélection que quelqu’un d’autre n’aurait pas pu faire, tout le monde peut sélectionner des morceaux qu’il aime mais il s’agit d’avoir une vision, une cohérence, je vais mettre des morceaux qui vont bien ensemble, qui se complètent pour essayer de véhiculer une émotion, de dire quelque chose. En mettant un vieux morceau des Ramones enchainé avec un morceau de Cam’ron puis un morceau de Lio et un d’Aphex Twin, par exemple, je fais passer un certain message.
Publicité
Quand je fais une playlist je vais essayer de surprendre les gens et de leur faire découvrir des morceaux qui n’auraient pu être assemblés par personne d’autre que Teki Latex
Publicité
Quand je fais une playlist je vais essayer de surprendre les gens et de leur faire découvrir des morceaux qui n’auraient pu être assemblés par personne d’autre que Teki Latex, quand on a la chance d’avoir carte blanche et de programmer une webradio, il faut en profiter pour faire quelque chose d’un peu différent de ce que les gens peuvent entendre en écoutant NRJ, Fun ou Skyrock.
Là sur la Radio Libre Suchard le déroulement des morceaux est plus ou moins aléatoire, mais ce serait un challenge encore plus intéressant de faire une playlist du matin, une de la journée et une playlist nocturne, avec des morceaux différents pour accompagner les divers moments de la journée. Un vrai boulot de programmateur de radio en somme.
K – Niveau contenu, tu recherches plus de morceaux que tu n’en sélectionnes dans ton stock ?
Non en général je pioche dans ce que j’ai déjà pour constituer une base, puis dans un deuxième temps je complète et je comble les trous avec des morceaux bien précis que je vais chercher. C’est comme de la cuisine.
En mettant un vieux morceau des Ramones enchainé avec un morceau de Cam’ron puis un morceau de Lio et un d’Aphex Twin, par exemple, je fais passer un certain message.
Publicité
K – Dans La Bonne Parole, ton émission sur la Radio Libre, tu affirmes qu’un DJ doit faire en sorte que son set plaise à une majeure partie du public, tout en y apposant sa propre délire. Mais j’imagine que ce n’est pas tout, quels sont les secrets d’une programmation bien faite ?
Il faut toujours essayer de trouver la zone commune entre ce que j’aime et ce que le “grand public” aime.
K – Quels sont les indispensables que l’on trouve dans ta playlist ? Et à l’opposé, est-ce que tu as des immettables ?
Il faut du Dip Set, du R.Kelly, pour sûr. Je dirais que depuis que je me suis un peu plongé dans l’éventail très restreint des choses que je “tolère” en matière de rock il faut aussi un peu de Ramones dans chaque playlist. Gonzales c’est aussi un truc essentiel assez ultime qui me parle aussi bien à moi qu’à la ménagère de moins de 50 ans. Outkast c’est universel et classe à la fois… les indispensables ce sont des trucs comme ça, que je peux encore considérer comme “mes artistes coups de coeur” mais que le “grand public” va aimer, à l’inverse d’un truc techno un peu trop obscur et sec qui ne va faire rêver que moi et une poignée de potes nerds.
[iframe src=”http://prod-3.konbini.com/embed/music-fr-outkast-atliens” width=”620″ height=”349″]Outkast – ATLiens 1996
Les immettables ce sont d’une part les trucs que je n’aime pas, d’autre pars certains trucs que je peux aimer mais qui sont un peu trop faciles et clichés, les trucs un peu branchés, systématiques qui sont pris pour faire l’habillage de chaque publicité, chaque hôtel Costes, chaque générique du grand journal, ce sont peut-être des morceaux bien mais personne n’a besoin des playlists de Teki Latex pour les entendre, ils sont déjà partout.
K – En ce moment sur la Radio Libre on tombe sur ta playlist de Noël, plus tôt, tu as aussi fait une playlist pour Halloween. Comment tu t’y es pris ?
Je me suis plongé dans mon enfance, je me suis rappelé des choses que j’écoutais, des classiques de Halloween et de Noël, j’ai toujours adoré prendre ces fêtes à la lettre, tout le mois de décembre je met des pulls de Noël, je mange des trucs de Noël, je mate des films de Noël, des épisodes spécial Noël de mes séries préférées, je joue le jeu à fond. Pour ce genre de choses je suis assez inspiré par le travail de mon ami The Genevan Heathen qui met toujours des mixtapes spécial Halloween ou Christmas sur son blog, pour lui c’est vraiment crucial et il se plie à l’exercice religieusement. Donc là par exemple sur la playlist de Noël il y a pas mal de “morceaux de Noël” interprétés par tout le monde de Destiny’s Child à Jim Jones en passant par AC/DC.
[iframe src=”http://prod-3.konbini.com/embed/music-fr-destinys-child-8-days-of-christmas” width=”620″ height=”349″]
Il y a des classiques intemporels de la pop, avec un esprit joyeux, un esprit familial. J’ai ajouté à cela quelques bandes originales de films de Noël de type Maman j’ai raté l’avion, puis je suis aussi allé chercher du côté des classiques Disney, et des blockbusters de mon enfance en général, avec des orchestrations bien “Noël sur un canapé confortable avec un chocolat chaud”. Il y a aussi du Sinatra, des girls band des années soixante, le coté “vieille émission de variété” me rappelle aussi les fêtes de fin d’année. La cerise sur le gâteau ce sont les thèmes de Super Mario et Legend of Zelda (qui sont chez moi super liés à Noël puisque dans mon enfance c’est à cette occasion qu’on m’avait offert ma première Nintendo) cette fois-ci interprétés par l’orchestre philharmonique de Londres.
Il y a des classiques intemporels de la pop, avec un esprit joyeux, un esprit familial.
Pour moi Noël c’est Steven Spielberg, Quincy Jones et Francis Ford Coppola, avec leur famille, tous habillés en Ralph Lauren, dans un chalet en Suisse avec un feu de cheminée et de la neige dehors, qui mangent une dinde puis qui jouent au Monopoly pendant que les petits enfants regardent “Un fauteuil pour deux” avec Eddy Murphy sur la télé du salon, près du Sapin, sous des peaux de bêtes et des couvertures en laine.
[iframe width=”620″ height=”349″ src=”http://prod-3.konbini.com/embed/music-channel-alunageorge-just-a-touch” frameborder=”0″]
K – Pour finir, as-tu un bon conseil à donner pour ceux qui voudraient s’adonner à cet exercice périlleux ?
Abandonnez : vous n’arriverez jamais à le faire aussi bien que moi ! Je suis né pour ça.
Publicité
Écoutez la playlist de Teki Latex sur la Radio libre ici !
Les podcasts gratuits de son émission sur iTunes ici !
Propos recueillis par Thomas De Ambrogi
Publicité