“Obama pourrait-il assassiner Trump et Pence, puis se gracier lui-même? Je demande simplement au nom de l’humanité.” Voilà ce qui a traversé la semaine dernière l’esprit du blogueur britannique et collaborateur de GQ Rupert Myers, tout heureux de partager sa réflexion avec le reste de ses contemporains via Twitter. Mauvaise idée, Rupert. Ce genre de tweet, qui mélange subtilement provocation immature, bêtise et immoralité, s’agrippe à ta vie plus solidement qu’une MST après un week-end d’inté. Et, dans le cas de Donald Trump, son armée de trolls a tendance à réagir au taquet, leur temps de réaction moyen sur Twitter battant même de quelques millisecondes, paraît-il, celui des fanzouzes de Touche pas à mon poste.
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Dans la foulée de sa question pas innocente pour deux sous, Rupert Myers se retrouve inondé de messages de mort, d’incitations à démissionner ou de poursuites judiciaires, efface son tweet et finit par écrire, dans un instant de bravade – YOLO, vieux – que “les Russes ont été hyper-occupés la semaine dernière”. Bref, une journée comme une autre dans le Colisée des Internets. Sauf que personne, au fond, n’a répondu à la question : Barack Obama pourrait-il réellement le faire? Le 19 janvier, le Daily Dot s’est posé la question sur un plan strictement technique, en mettant l’encombrante question morale de côté pendant quelques minutes.
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Obama pourrait se gracier sur une serviette de restaurant
Pour commencer, explique le Daily Dot, un petit tour d’horizon de l’histoire récente montre que l’hypothèse n’est même pas si improbable que ça : Andrew Johnson a bien gracié deux hommes ayant participé, avec John Wilkes Booth, au meurtre d’Abe Lincoln en avril 1865. “Certes, mais tuer un opposant politique nouvellement élu président, c’est quand même autre chose”, répliquerez-vous : c’est vrai uniquement sur le plan moral, car sur le strict plan légal, la grâce présidentielle américaine est totalement irrécusable. Barack Obama peut donc, s’il le souhaite, briser la nuque de Donald Trump et lui arracher le cœur à mains nues en hurlant “FATALITY” devant les caméras du monde entier, il ne sera jamais jugé sur le sol américain.
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Mieux : le pardon présidentiel, comme l’explique le Daily Dot, est étonnamment laissé à l’écart des stricts processus judiciaires. Selon Harold Bruff, spécialiste du droit constitutionnel interrogé par le site, Barack Obama, la main encore tachée du sang du président élu, pourrait littéralement se saisir d’une serviette et d’un feutre Crayola pour écrire “Moi, Barack Obama, me gracie de tous les crimes commis durant mon mandat”, et le document serait officiel. L’unique obstacle, précise cependant le spécialiste, réside dans l’histoire judiciaire américaine : lorsque le pardon présidentiel est entré dans la Constitution, il fut basé sur la loi britannique, qui stipule que personne n’a la permission de juger son propre crime. Si Barack Obama assassinait Donald Trump, cela donnerait donc lieu à un procès, durant lequel les deux principes constitutionnels seraient mis face à face. Le verdict ? Sans loi, difficile de condamner quelqu’un – Barack pourrait donc probablement s’en sortir. Heureusement que la morale est là pour lui interdire.