Sur Reddit, des centaines d’artistes-tatoueurs ont exprimé leur ras-le-bol face à certaines requêtes de leur clients, priant ces derniers de ne pas céder aux tendances.
Publicité
En l’espace de trois décennies, le tatouage s’est extirpé de son carcan de pratique marginale, jusqu’à devenir le phénomène globalisé que l’on connaît aujourd’hui. De synonyme de mauvais garçon, la “bousille” est ainsi devenue banalité, entraînant une augmentation drastique du nombre de tatoués, notamment en France où 4 personnes sont 10 sont désormais encrées. Mais voilà : certains projets commencent sérieusement à gonfler nos amis tatoueurs.
Publicité
Un membre du site Reddit a demandé aux artistes de partager les dessins qu’ils ne peuvent vraiment plus voir en peinture, comme le rapporte aujourd’hui le Huffington Post. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas hésité à se lâcher. Voici le top 5 des tatouages qu’ils ne peuvent décidément plus blairer.
1. Le signe de l’infini
Le “8” horizontal est l’un des motifs les plus récurrents de l’histoire du tatouage contemporain. Inventé par le mathématicien anglais John Wallis en 1655, il symbolise l’infini. Avec ses boucles entrelacées, il est souvent utilisé pour immortaliser le caractère éternel d’une histoire amoureuse. Oui, mais voilà : les artistes-tatoueurs n’en peuvent plus. Surtout quand il est couplé avec d’autres symboles, comme la plume, motif tout aussi récurrent dans le tatouage moderne.
Publicité
“[Je suis fatigué des] symboles de l’infini qui comportent un prénom caché à l’intérieur d’une plume, plume qui se transforme en oiseau, oiseau qui lui-même se transforme en graines de pissenlit…, confie un premier tatoueur. Tout cela réuni sur un espace faisant la taille d’une pièce de 25 cents, dans une encre blanche, au bas du pied. Sans oublier l’effet aquarelle.”
Un second renchérit :
“Je ne vais pas mentir, mais je n’en peux plus du symbole de l’infini, ou du symbole de l’infini + des mots dedans, le tout entouré d’oiseaux qui s’envolent et d’autres motifs du genre qu’ils veulent entasser dans un tout petit espace. […]
Je comprends que ces motifs sont faciles à faire, et qu’ils constituent donc de l’argent facile pour payer les factures, mais je veux que mes clients sortent de mon salon avec un tatouage qui va s’inscrire dans la durée, qui sera original.”
Publicité
2. Les combinaisons de mots
Quand on lui demande ce qu’il ne supporte plus de tatouer, l’utilisateur houseofleopold répond : “Toutes les combinaisons faites à partir des mots suivants : rêve, rire, espoir, amour, vivre, danser. C’est genre ‘Construis ta propre citation inspirante’. Grave, super inspirant sur ton pied.” Un confrère lui répond :
Publicité
“Je ne comprends vraiment pas pourquoi les gens sont obsédés par ces mots. Ils se les tatouent dans la peau, les accrochent dans des lettres de bois sur leurs murs, les foutent sur Facebook, à leur mariage, dans leurs photos…”
3. Les caractères asiatiques
Un autre tatoueur témoigne quant à lui de sa consternation face à l’utilisation hasardeuse des signes asiatiques. “[Je n’en peux plus] des ‘phrases profondes’ (ou incorrectement traduites/écrites en charabia) en caractères asiatiques, qui pour certains sont automatiquement synonymes de mystique et de sagesse, s’indigne un membre de la communauté Reddit. J’ai déjà vu une photo d’un bras sur lequel était tatoué ‘火鸡三明治’ [‘sandwich à la dinde’ selon Google Traduction, ndlr] en espérant du fond du cœur que ce soit une blague.”
Publicité
Un artiste, visiblement basé en Asie, renchérit :
“Je suis d’accord. Nous avons le même problème en Asie, les gens viennent se faire tatouer des combinaisons de mots dénuées de sens. J’ai vu une fille avec un ‘La vie est un citron’ dans le dos. J’ai également vu un homme avec des caractères chinois sur son bras : il pensait que ça signifiait ‘rebelle’, mais il était écrit ‘tortue'”.
4. Les tatouages tribaux
Après avoir connu un vrai succès dans les années 2000, les tatouages tribaux semblent définitivement avoir perdu l’amour des tatoueurs. Surtout outre-Manche. “Ici au Royaume-Uni, on peut voir des motifs tribaux sur quasiment tous les joueurs de rugby de moins de 30 ans, les maçons, les ouvriers, les profs de sport, et les mecs qui sortent le soir avec un polo blanc et les cheveux plein de gel, déplore un tatoueur, visiblement excédé. Il n’y a rien de mal dans le motif tribal en lui-même, mais par ici c’est devenu TELLEMENT commun chez ces mecs-là.”
“La seule personne que je connaisse qui porte un tatouage tribal (et qui le porte bien) est une femme Maori, souligne un autre. Son tatouage lui va bien parce qu’il a été fait en Nouvelle-Zélance, avec de vrais motifs Maori.”
5. L’encre blanche
Il y a aussi les tatouages réalisés à l’encre blanche, une tendance qui a beaucoup fait parler d’elle il y a trois ans. “Les tatouages à l’encre blanche sont vraiment agaçants. Ils ne restent visibles que très peu de temps. Je connais pas mal d’artistes qui refusent de les faire“, précise un artiste-tatoueur.
Et un autre d’argumenter :
“Je suis juste fatigué des tatouages qui ne ressembleront à rien dans quelques années. Et des gens qui essaient d’argumenter quand je leur explique pourquoi c’est une mauvaise idée. J’essaie toujours de rester fidèle le plus possible à votre idée originale, mais il y a des choses qui ne fonctionnent juste pas sur le long terme. Comme l’encre blanche, le lettrage riquiqui, le côté des pieds, les noms ‘cachés’ dans les motifs etc.”
Ce dernier artiste, nommé cassiethesassy sur Reddit, conclut son post en rappelant aux amateurs d’encre qu’en matière de tatouage, les tendances ne sont jamais bonnes à suivre :
“Les tatouages ne sont pas de simples bijoux que vous achetez pour exposer sur les réseaux sociaux. Vous ne pouvez pas les retirer une fois que vous en avez marre. S’il vous plaît, écoutez votre tatoueur quand il vous dit pourquoi tel ou tel motif ne marche pas.
La peau n’est pas une feuille de papier ! C’est un organe qui ne cesse de changer, grandir et muer — et qui a ses limites. Un bon tatoueur s’assurera que vous êtes heureux du motif et réalisera un tatouage qui dure dans le temps. Écoutez nos conseils, s’il vous plaît.”