Arrivé à Seattle le 8 mars, le groupe Soviet Soviet (trois gaillards italiens, qui n’ont rien de soviétique) a fait les frais de la politique stricte de l’administration Trump. Pour ce groupe de post-punk indé, un style musical de niche dont la portée n’est pas bien importante, jouer au festival texan South by Southwest (SXSW) tremplin bien connu du milieu, pouvait représenter une étape assez décisive dans sa carrière.
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Mis à part cette date, le groupe avait prévu de jouer quelques autres concerts, à Seattle (un concert enregistré par la radio KEXP) et à Los Angeles. Quitte à venir aux États-Unis à ses frais, autant en profiter pour toucher le maximum de gens, non ? Avant d’embarquer, la bande s’est évidement assurée d’avoir l’autorisation de voyager, ayant sollicité et obtenu leur enregistrement à l’ETSA, le système électronique d’autorisation de voyage. Cette autorisation administrative ne donne pas le droit de travailler, les concerts donnés par les artistes ne doivent donc pas être payés. Si l’entrée de certains des concerts que Soviet Soviet avait programmés était payante, le groupe avait prévu de se produire bénévolement et n’allait nullement recevoir de l’argent. Mais les Italiens se sont heurtés à des autorités américaines particulièrement rigides et l’accès au territoire américain leur a donc été refusé, malgré une invitation officielle du festival SXSW et une lettre de leur label américain, Felte Records, mentionnant bien le fait que leurs prestations scéniques seraient purement promotionnelles et non rémunérées.
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Des musiciens menottés
Dans un long post publié sur Facbook le 10 mars, les musiciens italiens expliquent avoir été interrogés pendant quatre heures avant de passer une nuit en détention et d’être finalement expulsés des États-Unis. Ils précisent avoir été menottés à plusieurs reprises.
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Une chose est certaine, le groupe n’avait rien de dangereux et pourtant ses membres se sont vu traités comme s’ils l’étaient. Fichage (empreintes et photos), interrogatoire et menottes. Arrestation, détention puis expulsion. Rien que ça… Les forces de l’ordre américaines n’ont visiblement pas le temps de faire dans la dentelle en ces temps “menaçants”.
Le festival SXSW a fait il y a quelques jours l’objet d’une vive controverse. À l’origine de celle-ci : une clause dans le contrat proposé aux musicien donnant droit à l’organisation de dénoncer un groupe au service de l’immigration dans certains cas spécifiques. Par exemple lors d’un comportement suspect, ou encore si le groupe se fait rémunérer pour des concerts en parallèle du festival. Cette clause, inadmissible aux yeux d’un des groupes prévus à l’affiche, nommé Told Slant, a été la cause de son désistement, bientôt suivi par d’autres artistes. Le leader de la formation, Felix Walwort est américain, il habite Brooklyn et n’est pas concerné par ces histoires, pourtant il lui a semblé nécessaire de soulever le manque d’éthique de cette disposition.
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Visé par un raz-de marée de critiques après ce coup de gueule, le festival a mis les choses au clair : cette disposition n’est prévue que pour des cas extrêmes et n’a jamais été utilisée en 31 années d’existence. Elle sera d’ailleurs retirée des contrats dès l’édition 2018.