À la rédac, on a ressenti les choses fortement, on s’est senti chamboulés. Passé l’émotion, on a tous eu envie de réagir, tant en signe de soutien aux familles qu’à la liberté d’expression, même si nos deux parutions sont très différentes. De là est née l’idée d’un numéro spécial.
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Bannister, pour commencer, nous avait très vite envoyé le dessin d’un poing levé. Mais on en avait vu plein sur Internet déjà. Finalement, quelques jours plus tard il nous a fait parvenir un dessin davantage en lien avec l’univers bédé : une maison comme dans Astérix avec des remparts en crayons, avec une petite madame expliquant “Et ici, les restes de l’enceinte du village gaulois qui résista aux menaces et à la terreur”…
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On a contacté les auteurs le mercredi soir et le bouclage devait se faire dimanche soir. D’habitude on a davantage de temps, on ne travaille pas le weekend. Là, il a fallu être au bureau tout le weekend et jusqu’à lundi 22h30. Mais peu importe : “J’ai besoin d’être là”, m’a dit une correctrice à qui j’ai demandé de venir travailler le weekend. C’est un sentiment partagé par la rédaction, mais aussi plein de gens chez Dupuis.
“Un moyen d’aborder le sujet en famille”
C’est d’ailleurs la “première fois dans l’histoire du journal” que Spirou se saisit de l’actualité, “en tout cas aussi vite” poursuit Florence : “quand un auteur décède, il y avait toujours une sorte d’hommage, mais ça paraissait beaucoup plus tard. Là, on a fait le choix d’un hors-série dédié, il ne fait pas partie de l’offre qu’on propose aux abonnés. C’est au choix des lecteurs de l’acheter ou pas”.
Mais lorsqu’on travaille au sein d’un journal “tout public”, comment parler de thèmes aussi graves qu’un massacre et la liberté d’expression bafouée ? En exprimant la tristesse, la douleur, la détermination, bref, en en parlant, mais toujours avec le ton Spirou – même s’il restera à jamais un numéro forcément spécial. Florence explique :
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Ce numéro ne va pas être lu par les plus petits. Ce sera plutôt un moyen d’aborder le sujet en famille. Dans le numéro, il y a une planche de Julien Neel avec une petite fille qui prétend que le Père Noël n’existe pas, en soit un parallèle à la liberté d’expression [planche reproduite en fin d’article, ndlr].
Cela permet de lancer la discussion chez soi, de faire se poser ces questions aux enfants : est-ce qu’on peut tout dire ? Est-ce que si je dessine je vais me faire tuer ?