L’entreprise SpaceX, qui essayait depuis de longs mois de faire atterrir sa fusée Falcon 9 verticalement, y est enfin parvenue dans la nuit. Historique.
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“Stage one has landed”. Après des mois de tentatives avortées et d’échecs, SpaceX, la start-up de l’espace créée par le milliardaire Elon Musk avec la mission d’emmener l’être humain sur Mars d’ici 2026, a enfin relevé le défi technique extraordinaire auquel elle s’était attaqué : faire atterrir verticalement une fusée envoyée dans l’espace.
Depuis Cap Carnaveral, en Floride, les équipes de SpaceX ont enfin pu hurler tout leur soulagement en voyant le cylindre métallique haut de quinze étages s’immobiliser, après 11 minutes de vol, sur le sol terrestre, comme un gigantesque doigt d’honneur brandi à la face de la gravité. Une prouesse technique à peu près aussi incroyable que de “lancer un stylo depuis le haut de l’Empire State Building et le faire atterrir sur sa gomme dans une boîte à chaussures, au milieu d’une tempête”, dixit un porte-parole de SpaceX.
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Il y avait de quoi hurler, après deux essais en janvier et avril derniers qui avaient vu la fusée exploser à l’atterrissage et un raté désastreux, le 28 juin dernier, lorsqu’une fusée-cargo Falcon 9 en route pour un ravitaillement de la Station spatiale internationale avait explosé en vol, mettant en danger la crédibilité de l’entreprise aérospatiale low-cost.
Aujourd’hui, après quelques modifications (dont l’abandon de la procédure d’atterrissage sur une barge flottante, trop petite et trop instable, et l’augmentation de 30% de la puissance du lanceur), Elon Musk et son équipe d’ingénieurs sont parvenus à inscrire le nom de l’entreprise dans les livres d’Histoire aérospatiale. Et ouvrent la voie à une nouvelle ère, celle des vols spatiaux commerciaux.
Décollage, atterrissage, redécollage
Car le gros problème avec le transport de marchandises dans l’orbite terrestre haute, c’est son coût, dont la majeure partie est englouti par l’étage inférieur du lanceur (qui comporte les moteurs de la fusée). Selon Elon Musk, lancer une fusée dans l’espace transportant et mettant sur orbite basse 11 satellites, comme vient de le faire Falcon 9, coûte 16 millions de dollars au client. Si le lanceur est réutilisable, il n’y a plus qu’à refaire le plein une fois celui-ci récupéré sur le terre ferme – un plein à environ 200 000 dollars, tout de même. Une telle réduction des coûts, sachant qu’un satellite coûte également de moins en moins cher à produire, pourrait révolutionner le voyage spatial commercial dans les années à venir. D’autant que, comme tout bon marché d’avenir, la concurrence est déjà là.
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En novembre dernier, l’ego surdimensionné d’Elon Musk prenait un coup terrible : Jeff Bezos, président d’Amazon et autre prototype de multimilliardaire technophile, faisait atterrir sa fusée New Shepard après un vol suborbital non-habité, faisant de sa société Blue Origin la première à réussir l’exploit. Ou presque.
Car, comme l’explique The Verge, les deux prouesses n’ont rien de comparable : Falcon 9 est environ 4 fois plus haute que New Shepard et, surtout, monte plus vite et plus haut, jusqu’à atteindre l’orbite terrestre – contrairement à sa concurrente, cantonnée au vol suborbital et par conséquent bien plus facile (toute proportion gardée) à contrôler. N’en déplaise au tweet joliment sarcastique du milliardaire, les deux entreprises ne jouent pas dans la même cour.
Ceux qui veulent s’incruster dans la lucrative cour de récré, en revanche, c’est Boeing et Lockheed Martin : les deux constructeurs historiques de la Nasa, privés de contrat depuis l’avènement du low-cost de SpaceX, ont dévoilé le Vulcan, un lanceur en théorie réutilisable qui symbolise la contre-attaque des titans de l’aérospatiale.
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La course à la fusée réutilisable est donc lancée, même si, ironiquement, la Falcon 9 pionnière ne volera plus jamais, comme l’a indiqué Elon Musk. L’avenir ? Des lancements de fusées hebdomadaires, qu’il s’agisse du tourisme suborbital ou de transport de fret… avant le grand saut vers Mars ?