La stimulation électrique transcrânienne, ou TES, est une frange des neurosciences pour le moins controversée, qui postule que certaines capacités cognitives, comme par exemple la mémoire, peuvent être améliorées via stimulation électrique. En pratique, on applique des électrodes sur le crâne du sujet, on balance un champ électrique faible à une fréquence précise (1/2 milliampères environ) pendant une durée variable (de 5 à 30 minutes) et à un endroit précis du crâne pour stimuler la zone du cortex souhaitée.
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Si la pratique est récente et ses risques sont encore mal connus, les résultats ont été suffisamment probants par le passé pour attirer l’attention du grand public, tant du côté des pro gamers que des athlètes de football américain ou des pilotes de drone, voire même de certains étudiants d’université, qui doivent tous maintenir un très haut niveau de concentration pendant des durées importantes. Désormais, rapporte Engadget, c’est l’armée américaine qui s’y intéresse en conduisant un test sur l’un de ses corps d’élite, les Navy Seals.
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Une alternative aux amphètes
Selon Military.com, l’armée testerait actuellement sur “un petit groupe de volontaires” de la Team Six – le groupe qui s’en est allé tuer Oussama Ben Laden au Pakistan le 2 mai 2011 – un appareil de stimulation électrique passive controversé, développé par l’entreprise Halo Neurosciences, déjà utilisé par les Giants de San Francisco et plusieurs athlètes olympiques présents à Rio et disponible à la vente pour la modique somme de 750 dollars (environ 703 euros). L’appareil se présente sous la forme d’un casque type Beats, un peu plus large mais tout aussi laid, évidemment capable de vous balancer des sons dans les oreilles mais aussi, et c’est plus original, de vous électrocuter le cortex à dessein grâce à une série de piques de silicone dissimulés dans le bandeau.
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Les athlètes, soldats et autres cobayes n’ont qu’à asperger ces pointes de solution saline pour augmenter la conductivité et de reprendre l’entraînement l’air de rien, en ignorant si possible la légère sensation de picotement provoquée par les décharges électriques qui inondent votre cerveau. Selon l’entreprise, le procédé améliore la “neuroplasticité” du cerveau, ce qui permet d’apprendre mieux, plus rapidement et plus longtemps, de courir plus vite ou de soulever plus de poids à la salle de gym. Et si les changements sont minimes, ils peuvent être déterminants dans certains secteurs ou une demi-seconde de temps de réaction en moins vous offre une médaille olympique ou vous sauve la vie (au détriment de celle d’un autre, généralement).
L’armée américaine voit dans la neurostimulation une alternative aux “smart drugs”, comme le Modafinil ou les amphétamines, qui produisent autant de résultats qu’elles génèrent d’effets secondaires sur les utilisateurs. Selon le commandant des opérations spéciales Tim Szymanski, interrogé par Engadget, les résultats sont là… bien qu’ils soient encore difficiles à quantifier, ou même à identifier clairement : “Durant les expériences, les sujets qui regardaient ces écrans… leur concentration s’estompait en à peu près 20 minutes. Mais dans les études où une légère stimulation électrique était appliquée, ils étaient capables de maintenir le même niveau de performance pendant 20 heures.” En 2016, une étude publiée dans Nature montrait effectivement une augmentation de la plasticité cérébrale due à la stimulation électrique transcrânienne… chez des souris. Et bientôt des hommes ?