Super-héros et pilotes de course vs petites mamans et princesses
Que ce soit dans les catalogues, dans les publicités ou dans les supermarchés, l’importance des “codes couleurs” est déjà un premier problème : le rose pour les filles et le bleu pour les garçons. À cela s’ajoute les images d’enfants associés aux produits et réduisant la possibilité d’interchanger les rôles.
Un petit garçon demanderait-il à Noël un jouet où l’on n’aperçoit que des filles sur le packaging ? Certainement pas. Mais cela n’est pas le plus grave. Le véritable problème se situe dans la symbolique des jouets qui se résume bien souvent à “encourager les champions et faire rêver les princesses“.
Voici ce que dit le rapport :
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[Les] univers masculins sont axés sur la technique, le combat, la violence et le dépassement de soi, qu’il faille détruire ou sauver le monde, l’important est avant tout de prouver qu’on est un homme. […]
Les univers “féminins” sont essentiellement centrés sur le maternage, le ménage, le travail de son apparence physique ainsi que l’apprentissage de relations sociales (entre copines).
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Pour faire court, la plupart des jouets renvoient principalement les filles dans la sphère domestique et les garçons dans la sphère professionnelle… Pourtant, pour la doctorante en sociologie Mona Zegaï, “un jouet est rarement genré en lui-même“. La faute revient aux “différents signaux véhiculés par les adultes (parents, fabricants, professionnels de la petite enfance)“. Une analyse que confirme le psychiatre Serge Hefez :
Un jouet n’est pas par nature sexué. C’est la famille et la normativité qui poussent l’enfant à le croire. Un enfant est curieux et polymorphe. Il aime découvrir des terrains différents mais a une pression sur les épaules. Dès qu’il sort de la norme, il se sent en souffrance.
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Une régression depuis les années 90
“Un monde des jouets plus stéréotypé et plus inégalitaire que le monde réel”
Cette différenciation genrée et souvent sexiste dans l’univers des jouets n’est pas sans conséquence. En effet, “l’importance du jouet dans la formation de l’enfant se traduit par sa contribution à la construction de son identité et à ses apprentissages“.
Ainsi, en plus de limiter les chances de vivre et jouer ensemble, les petites filles et garçons n’apprennent pas les mêmes choses et ne développent pas les mêmes compétences. Pire encore, “le monde des jouets est plus stéréotypé et plus inégalitaire que le monde réel“. Un bel exemple donc pour les futurs citoyens.
Pour Brigitte Grésy, cela se répercute à l’âge adulte et favorise les inégalités et la ségrégation professionnelles :
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S’esquisse ainsi un monde où hommes et femmes sont complémentaires dans la différence et la hiérarchie (patron et secrétaire, médecin et infirmière) et où les inégalités de sexe fortement essentialisées permettent la complétude : aux hommes la connaissance et la direction ; aux femmes le soin et l’assistance.
C’est pourquoi la délégation a décidé d’exposer dix propositions pour faire des jouets “la première initiation à l’égalité“, parmi lesquels former les professionnels qui travaillent avec les enfants, attribuer un label pour les fabricants exemplaires ou encore attirer l’attention du CSA sur les publicités pour jouets qui véhiculent des messages sexistes.
Pour que les petites filles qui ont envie de piloter une voiture télécommandée ne soient pas considérées comme des garçons manqués, pour que les petits garçons qui souhaitent jouer à la poupée ne soient pas catalogués “futur homo”, mais surtout pour que les jouets ne soient plus un lieu d’inégalités et de sexisme.