Selon ce physicien, voilà pourquoi Marine Le Pen pourrait l’emporter

Publié le par Virginie Cresci,

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Serge Galam est plus flippant que votre prof de maths lorsqu’il tente de vous expliquer le théorème de Pythagore, il est physicien et il a calculé comment Marine Le Pen pourrait gagner au second tour grâce à ce qu’il appelle “la théorie de l’abstention différenciée”.

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Ce chercheur au CNRS, inventeur de la “sociophysique”, une nouvelle discipline qui essaie de découvrir si les comportements politiques et sociaux obéissent aux lois des chiffres, est le premier physicien à Sciences po. Ce climatosceptique pense qu’on peut en partie déterminer l’issue d’une élection en faisant des calculs. À l’été 2016, il est l’un des seuls à prédire la victoire de Donald Trump et en novembre dernier, il prévoit la défaite d’Alain Juppé à la primaire de la droite. Aujourd’hui, le “médium” des élections démontre comment  Marine Le Pen pourrait l’emporter le 7 mai prochain. Explications.

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La faiblesse du front républicain

Dans son article publié sur le site consacré aux chercheurs The Conversation, et dans une tribune relayée par Libération, le chercheur explique comment il arrive à ce résultat. Serge Galam ne s’appuie pas sur un algorithme, sur le modèle très à la mode du “big data”, mais sur ce qu’il appelle “des lois d’interactions entre individus”. En somme, il mélange la sociologie et la physique. Il se base sur des données récoltées en faisant des entretiens avec des individus pour calculer ce qu’il appelle “l’état collectif au moment du vote”.

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Il part d’une théorie sociologique, “le plafond de verre” qui empêcherait le Front national d’accéder au pouvoir malgré son succès grandissant. C’est ce qu’on appelle le front républicain, qui consiste à voter contre Marine Le Pen et non en faveur d’un autre candidat, pour contrer l’extrême droite. Jusqu’alors, ça marchait plutôt bien. L’élection présidentielle de 2002 en est le parfait exemple, face à Jean-Marie Le Pen, le front républicain permet à Jacques Chirac de l’emporter avec plus de 82 % des suffrages.

Mais en 2017, les choses sont bien différentes. Les deux candidats, qui, selon les sondages, risqueraient de se trouver face à Marine Le Pen, sont François Fillon, embourbé dans les affaires d’emplois fictifs et de costumes gratuits, dont la popularité chute au fur et à mesure de la campagne, et Emmanuel Macron, loin de faire l’unanimité avec son “ni de droite ni de gauche”.

Comment l’abstention au second tour va jouer en faveur de Marine Le Pen

Si l’un ou l’autre se retrouve face au FN le 7 mai prochain, un certain nombre d’électeurs, surtout chez les sympathisants de Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, “auront décidé de voter à contrecœur”, explique Serge Galam sur The Conversation. “Pour empêcher la victoire du FN, ils se forceront à faire un choix qui leur déplaira”, ajoute-t-il, expliquant qu’il est fort probable que ces électeurs “profitent de la moindre bonne excuse”, dit le chercheur, pour ne pas aller voter.

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À l’inverse, les électeurs de Marine Le Pen, eux, se mobiliseront au second tour comme au premier. Le chercheur émet donc l’hypothèse “qu’il y aura plus d’abstentions pour le challenger de Le Pen que pour elle”. C’est suivant cette analyse qu’il calcule “le différentiel d’abstention” nécessaire pour empêcher une victoire de Marine Le Pen. Voici son calcul.

En somme, Serge Galam calcule les intentions de votes en faveur d’un candidat en fonction de “son” taux de participation “individuel”. Il donne un exemple concret :

“Pour Le Pen, une participation de 90 % et 42 % d’intentions de vote (58 % d’intentions de vote pour son challenger) la font gagner dès que la participation pour son challenger et plus petite que 65,17 %. Pour illustration, une participation de 65 % donnera à Le Pen une majorité à 50,07 %.”

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Le chercheur a fait ce calcul suivant différents pourcentages et taux d’abstention, il en vient à la conclusion que “Marine Le Pen peut devenir la prochaine présidente de la République” grâce à une “abstention différenciée” qui n’a jamais été aussi basse. Grosso modo, il explique par des chiffres, que les électeurs sont de moins en moins convaincus par “le vote utile”, et qu’il serait plus utile de voter pour des idées que contre un candidat.