Des scientifiques décryptent la danse universelle des abeilles

Publié le par Pierre Schneidermann,

bee air trip, five shots combined (exposure time: 1/1250 sec.)

85 abeilles ont été scrutées de près.

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La danse des abeilles n’est pas une découverte toute neuve. On la doit à l’éthologue autrichien Karl von Frisch qui la décrit pour la première fois dans son livre Vie et mœurs des abeilles paru en 1955. Cette danse “frétillante” (“waggle dances” en anglais et dans la communauté des scientifiques), faite de sons produits par les ailes et de transmission de nectar, permet aux abeilles revenues à la ruche avec un butin (nectar ou pollen) d’indiquer à leurs congénères la distance et la direction à emprunter pour ramener, à leur tour, quelques menues victuailles.

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Deux scientifiques, Margaret Couvillon et Roger Schürch, mari et femme, du Virginia Polytechnic Institute viennent de faire un bond en avant dans la compréhension de cette danse trémoussante. Ils ont d’abord constaté que le modèle qui prévalait suscitait encore quelques incompréhensions. Pour indiquer le même emplacement des denrées, les danses peuvent varier. Des mêmes abeilles peuvent aussi enchaîner, à plusieurs reprises, des chorégraphies variables. Enfin, les abeilles dansent pour certaines ressources et pas pour d’autres.

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Quatre-vingt-cinq abeilles réparties sur trois ruches différentes ont donc été équipées de capteurs. Leurs chorégraphies ont été filmées et tout ceci a méticuleusement été analysé. Surtout, on a pris en compte, dans l’établissement du nouveau modèle, l’une des anomalies susmentionnées, à savoir les variations de danses parmi les abeilles pour indiquer le même spot.

Les résultats ont été recoupés avec de nombreuses publications scientifiques sur le sujet, déjà publiées auparavant. C’est là que l’effet Babel – l’aspect universel de la chorégraphie – débarque. En analysant précisément ces variations plus ou moins délaissées jusque-là, les scientifiques ont changé leur grille d’analyse. Ils affirment désormais que les abeilles, entre différentes espèces et à différents points du globe, peuvent se comprendre. Si l’on devait traduire ça en langage informatique, on pourrait comparer la découverte à un codec interprétable par plein de lecteurs vidéo différents.

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La danse des abeilles n’est pas étudiée pour sa seule beauté éthologique. “Avant de construire un nouveau centre commercial, on pourrait dire si un habitat pollinisateur serait détruitnous dit l’article publié sur le site du Virginia Polytechnic Institute. Peut-être une micro bonne nouvelle pour cette espèce que l’on sait être en voie de désintégration.