Saz, le rappeur palestinien qui chante l’unité en arabe, en hébreu et en anglais

Publié le par Anaïs Chatellier,

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À l’occasion de sa venue en France, nous avons discuté avec Saz, rappeur palestinien qui utilise sa musique pour délivrer un message d’unité.

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Le 26 février dernier à la Bellevilloise, à l’occasion du Off de Pèlerinage en Décalage, premier festival israélo-palestinien en France, Sameh Zakout aka Saz, a su conquérir le public parisien avec son rap engagé tout droit venu de Ramla, sa ville natale.

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“Mes balles sont mes rimes. Mon M-16 est mon micro”

Pour comprendre les messages que ce rappeur palestinien souhaite distiller à travers le monde, il faut revenir à ses origines. En effet, le trentenaire a grandi à Ramla, petite ville israélienne d’environ 70 000 habitants composée majoritairement de Juifs mais avec une minorité arabe importante.

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“C’est une ville extraordinaire où cohabitent Israéliens et Palestiniens. Une ville historique qui a une capacité unique, magique et indescriptible qui lui est propre“, nous raconte Saz. Malheureusement, c’est aussi une des plateformes de la drogue du pays, nous informe-t-il. D’ailleurs, il ne cesse de répéter que c’est la musique qui l’a aidé à échapper à un avenir pourtant tracé dans la délinquance et la criminalité. “Si je n’avais pas la musique, je serais probablement dans les rues en train de vendre de la drogue et de me faire tirer dessus“, nous explique-t-il avant d’ajouter :

“L’endroit d’où je viens est un endroit difficile, avec beaucoup de pauvreté. Les drogues et les armes à feu ont toujours fait partie de notre quotidien.”

Dans cette terrible réalité, il a d’ailleurs perdu quelques amis d’enfance, notamment Amir, pour lequel il a écrit la chanson “Min Youm”. Alors, comme un échappatoire, pour éviter d’emprunter ce chemin “de l’argent facile“, Saz a fait de la musique sa propre drogue : “Mes balles sont mes rimes. Mon M-16 est mon micro“, aime-t-il rappeler.

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Il faut dire que le rappeur cultive une passion pour l’art et la musique depuis son plus jeune âge. Bercé aussi bien par Michael Jackson que par les musiques traditionnelles, il a commencé à s’amuser à faire des rimes dès le primaire, grâce à son prof d’arabe qui l’a poussé à écrire. Vers l’âge de 14 ans, il commence à rapper, adolescent enfermé dans sa chambre ou devant un groupe restreint d’amis, avant de commencer à jouer dans des petits lieux et à animer quelques anniversaires à partir de ses 16 ans.

Depuis, j’ai voyagé dans plus de 10 pays et je suis passé d’une petite pizzeria à des lieux remplis par des centaines et des milliers de personnes“, se réjouit celui qui est devenu une figure de proue de la scène hip-hop israélo-palestinienne avant d’ajouter :

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“Je ne me considère pas comme un rappeur ou un chanteur célèbre, mais je pense que mes morceaux et concerts ont fait ce que je suis aujourd’hui.”

“J’appelle à une vie et un chemin différents”

En effet, celui qui se considère comme un “artiste éthique international”, s’attache depuis toujours à dénoncer le conflit israélo-palestinien, à lutter contre l’ignorance et surtout à distiller des messages d’amour et d’unité, d’où son choix de rapper aussi bien en arabe, qu’en hébreu et en anglais, trois langues qu’il parle quotidiennement.

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Influencé aussi bien par le légendaire Tupac que par des rock stars telles que Nick Cave ou des chanteuses célèbres du monde arabe comme la libanaise Fairuz et l’égyptienne Oum Kalsoum, Saz s’amuse ainsi à mêler hip-hop, rock et sonorités arabes dans ses morceaux, car pour l’artiste, c’est important de créer “une sorte de pont entre l’Est et l’Ouest“.

Il appelle ainsi dans ses paroles “à une vie et à un chemin différents”. “Nous méritons tous de vivre en paix, ce que nous n’avons jamais connu. Je crois vraiment que nous avons assez souffert de cette guerre sans fin et de cette effusion de sang… C’est un conflit que nous devons résoudre le plus tôt possible parce que des gens souffrent tous les jours”, regrette-t-il.

Dans son morceau “You Will”, il raconte ainsi :  “Peu importe si vous allez gagner ou perdre, ouvrez vos yeux, cherchez toujours la vérité, vous savez quel est le bon choix à prendre” ou encore dans “Yuma”, où il s’adresse à sa mère, “S’il te plaît, maman, ne pleure pas, je suis là pour toi, de meilleurs jours viendront où tu pourras voir le soleil.”

Conscient que la musique est un outil puissant, Saz conçoit le rap comme un moyen efficace et pacifique de dénoncer le conflit qui déchire Israël et la Palestine depuis si longtemps. Car comme il le rappelle en reprenant les termes de Chuck D : “Le hip-hop est le CNN des ghettos.”