La police avait sorti les kalashnikovs pour débarquer dans la galerie. Mardi, les autorités ont saisi quatre oeuvres d’un petit établissement privé de Saint-Pétersbourg nommé “Musée du pouvoir”. L’objectif : interdire une exposition… plus ou moins sans motif. Les autorités ont seulement été alertées “par un citoyen qui a estimé que les tableaux exposés étaient en infraction avec la législation russe”, selon le porte-parole de la police, Viatcheslav Steptchenko, interrogé par l’AFP.
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Lèse-majesté
Qu’est-ce qui a choqué ? Très probablement un tableau nommé Travesty. Celui-ci représente le Président Vladimir Poutine coiffant les doux cheveux du Premier Ministre Dmitri Medvedev, le premier vêtu d’une chaste nuisette et l’autre de sous-vêtements féminins. La police russe a confirmé à l’AFP avoir saisi quatre œuvres du petit établissement privé baptisé «Musée du pouvoir». À l’ancienne.
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Alors que “les experts examinent actuellement” les toiles saisies, les autorités sont encore à la recherche d’un chef d’accusation pour justifier la fermeture du lieu, désormais sous scellé. Piste privilégiée : la fameuse “propagande homosexuelle”, une loi punissant la “propagande des relations sexuelles non traditionnelles” devant des mineurs. C’est-à-dire tout ce qui ne rentre pas dans la stricte hétérosexualité, en fait. Le texte a été étendu à l’ensemble de la Russie et promulgué fin juin par le président de la Fédération, Vladimir Poutine.
Vengeance ?
Il semblerait qu’il y ait plus qu’un crime de lèse-majesté sous cette fermeture administrative : Alexandre Donskoï, le fondateur et propriétaire de la galerie, est aussi l’ex-maire de la ville d’Arkhanguelsk. Passé à l’opposition, il avait été poursuivi et emprisonné après avoir fait état de ses ambitions présidentielles à l’élection de 2008. Par ailleurs, il accuse directement le député Vitali Milonov, auteur de la loi pénalisant la“propagande homosexuelle” d’être à l’origine de cette action policière. “Il a visité l’exposition il y a quelques jours puis est revenu hier (mardi) soir avec la police”, a-t-il témoigné.
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Toujours selon lui, le peintre Konstantin Altounine, auteur des toiles, a quitté précipitamment la Russie mardi soir. “Après avoir appris que des policiers l’attendaient chez lui Konstantin a pris le premier billet disponible, pour le Danemark. Aujourd’hui il est en France”, a-t-il confié à l’AFP.
Pas glop d’être homo en Russie
Malgré sa “dépénalisation” en 1993, l’homosexualité est restée une maladie mentale jusqu’en 1999. Aussi, la Russie fait culturellement partie des États qui ont une dent contre l’homosexualité. La loi sur la“propagande homosexuelle” votée en juin prévoit une amende de 50 000 roubles (1 140 euros) pour tout contrevenant. La gay pride de Moscou, constamment interdite par les autorités, se solde chaque année par un cruel pugilat où les manifestants finissent tabassés par des orthodoxes. Et la police ferme les yeux.
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Le photographe de l’AFP Andreï Smirnov raconte sa couverture de la tentative de gay pride 2013 pour le blog de l’AFP Making-of: “D’habitude, des militants orthodoxes très agressifs leur lancent des œufs ou des bouteilles remplies d’un liquide qui sent très mauvais, et ils les aspergent de gaz lacrymogène”. Il ajoute : “Ce qui m’a vraiment étonné, c’est la durée de la manifestation. Elle a duré entre cinq et dix minutes. C’est super long! En général, de telles manifs finissent une minute après avoir commencé”. Hum.
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